samedi 9 juin 2012

Adoption d'enfants en Chine traditionnelle (2) - Tongyangxi : adoptions de petites brus chinoises...


On ne trouve pas véritablement de sanction à la pratique de l'adoption - même en dehors des lignées de sang - dans l’idéologie populaire chinoise.

En pratique, des anthropologues ont observé des coutumes d’adoptions aux 19e et 20e siècles, se réalisant le plus souvent en dehors des proches parentés
Deux explications sont avancées :  le fait d’adopter les enfants de personnes étrangères, peut être avec des intermédiaires, aidait à protéger les liens adoptifs d’interférences futures avec les parents –ou familles- de naissance et faisait que l’enfant adopté était moins à même d’essayer de retourner à sa famille de naissance.

De même, alors que la plupart des adoptions officielles glanées à partir de documents historiques et  d’archives judiciaires implique l'adoption de garçons dans le but de fournir un héritier - le seul but pour l'adoption qui était autorisée par la loi -,  les pratiques populaires d'adoption impliquaient souvent des filles (Wolf et Huang 1980).
Comme l’observe Waltner, les adoptions de filles n'étaient pas susceptibles de faire partie du registre historique, ni dans les généalogies et ni dans les archives judiciaires, parce que, dans le système de parenté patrilinéaire en vigueur, leur adoption ne portait pas sur des questions de lignage ou  sur des questions de propriété ou d'héritage (Waltner 1990: 122).
En même temps, les filles étaient plus susceptibles que les garçons d'être disponibles pour l'adoption parce qu'elles étaient plus remplaçables du point de vue des familles de naissance.
En outre, la position ambiguë des femmes, en particulier enfants, dans la structure de la parenté formelle et les lignées de sang, fait que les filles sont  plus facilement changeables et donc plus «adoptables» en tant que filles, indépendamment de leur origine, à l'intérieur ou à l'extérieur de lignées de sang.

Photo d'une famille traditionnelle chinoise [Source:http://seathestars.com/] 
 (ndlr : le photographe n'a sans doute pas dit : "Cheeeeeeeessssssseeeeeee"...)
Les anthropologues qui ont étudié l'adoption en Chine pré-révolutionnaire, ont constaté que la forme la plus commune était une adoption féminine, impliquant une jeune nourrisson-fille  destinée à être élevée comme future belle-fille et épouse pour un fils (une bru donc), en chinois une tongyangxi (Wolf et Huang 1980). Cette pratique d’adoption de petites brus évitait les frais de cérémonie souvent élevés et  ruineux dans la forme traditionnelle du mariage, et avait l'avantage d'offrir aux beaux-parents, en particulier les belles-mères,  un plus grand contrôle sur leur bru et moins de risques que la jeune femme ne rompe le lien crucial entre les parents et leurs fils (Wolf 1972). 
Les couples sans enfants pouvaient également adopter des filles, dans l'espoir que cela les mettent sur la voie pour avoir  un fils. Si le fils espéré n’était pas réalisé, le couple avait au moins une fille qui pourrait leur servir de gardienne  et de moyen possible pour obtenir un gendre héritier uxorilocalement [NDLR : uxor = épouse en latin ; le couple marié réside du côté de la famille de l’épouse], c’est à dire de trouver un homme qui épouse  sa femme dans la famille de celle-ci, et que ce gendre soit autorisé à devenir l'héritier de son beau-père. Bien que cela ait été considéré comme un arrangement peu intéressant pour un homme, des hommes pauvres pouvaient être disposés à se marier de cette manière pour des raisons économiques.

Dans certaines communautés au XIXe et au début du XXe siècle, ces diverses pratiques étaient tellement répandues que la majorité des filles étaient adoptées et que peu de gens élevaient  leurs propres filles biologiques (Wolf et Huang 1980). Dans d'autres régions, ces pratiques ne concernaient qu'une petite minorité. Mais leur existence a montré la flexibilité des pratiques traditionnelles et la façon dont l'adoption pouvait être utilisée et manipulée par les familles comme un moyen pour compenser l'insuffisance des résultats de la reproduction biologique. Ils ont également fourni une coutume traditionnelle pour l'adoption des filles.
Une autre tradition, qui ressemblait à l'adoption, impliquait l'achat de filles comme domestiques. Ces filles (girls) n’étaient pas leurs "filles" (daughters), mais étaient souvent traitées comme des membres du foyer familial et, comme si elles étaient leurs filles biologiques, leurs mariages étaient arrangés par le chef de famille.

[Sources : sur demande à l'auteur]






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...