lundi 28 mars 2011

Sargon d'Akkad : le "Roi légitime", "enfant sauvé des eaux" adopté par un puiseur d'eau...

Tête en bronze d'un roi d'Akkad (probablement celle de Sargon d'Akkad),
retrouvée dans le temple d'Ishtar de Ninive, vers 2250 av. J.-C., 
Bagdad, musée national d'Irak.


Sargon d'Akkad : le "roi légitime", "enfant sauvé des eaux" adopté par un puiseur d'eau...


Sargon d'Akkad unifia les royaumes de Sumer et d'Akkad, (qui correspondaient à des parties de la Syrie moderne, de l'Irak, de l'Iran et de la Turquie). Les débuts de sa vie sont en grande partie un mystère. Une ancienne légende sumérienne établit qu'il était le fils d'une prêtresse et fut déposé dans un panier sur l'Euphrate avant d'être sauvé et élevé par un puiseur d'eau nommé Aqqi qui l'avait adopté. Il travailla dans les vergers d'Aqqi et devint un favori de la déesse Ishtar.

On ne sait pas comment un homme avec des origines si modestes a été en mesure d'atteindre sa position de roi, mais le grand roi émergeant de l'obscurité, du néant, est un thème classique dans la mythologie antique, servant à mettre l'accent sur l'autorité du roi, naturelle et donnée par Dieu (en particulier lorsqu'il forme un couple avec une divinité), et les rois pouvaient cultiver ces légendes pour rehausser leur prestige, de la même manière que les politiciens d'aujourd'hui mettent en avant le cas échéant l'histoire de leurs origines modestes.

Sargon d’Akkad, forme francisée de l’akkadien Šarru-kîn (qu’on traduit généralement par « roi légitime »), fut le souverain fondateur de lempire d’Akkad, plutôt appelé aujourd’hui « empire d’Agadê », en unifiant par la force les principales cités mésopotamiennes sous son autorité. Les dates de son règne sont incertaines : on le situe couramment vers 2334-2279 av. J.-C., mais il peut avoir régné plus tard, vers 2285-2229.

Ur-Zababa, petit-fils de Kubaba (l’une des très rares femmes à avoir régné en Mésopotamie), régnait comme ensi à Kiš lorsqu’il fut détrôné par un obscur personnage qui se fit appeler « Roi légitime » sans doute pour faire oublier qu’il n’était a priori qu’un usurpateur. 

Un texte du VIIe siècle av. J.-C. — donc postérieur de seize siècles à ces événements, mais contemporain de la rédaction des plus anciens fragments de la Bible — relate ainsi son accession au pouvoir :
« Ma mère était grande prêtresse. Mon père, je ne le connais pas. Les frères de mon père campent dans la montagne. Ma ville natale est Azupiranu [« ville du safran » ?], sur les bords de l’Euphrate. Ma mère, la grande prêtresse, me conçut et m’enfanta en secret. Elle me déposa dans une corbeille de roseaux, dont elle scella l’ouverture avec du bitume. Elle me lança sur le fleuve sans que je puisse m’échapper. Le fleuve me porta ; il m’emporta jusque chez Aqqi, le puiseur d’eau. Aqqi le puiseur d’eau me retira [du fleuve] en plongeant son seau. Aqqi le puiseur d’eau m’adopta comme son fils et m’éleva. Aqqi le puiseur d’eau m’enseigna son métier de jardinier. Alors que j’étais jardinier la déesse Ištar se prit d’amour pour moi et ainsi j’ai exercé la royauté pendant cinquante-six ans. »
Ce récit ressemble beaucoup à celui de la naissance de Moïse, rédigé par des prêtres judéens qui étaient précisément, au VIIe siècle av. J.-C., en exil à Babylone lorsque cette histoire édifiante faisait florès, des rives du Tigre, en Iraq, à celles du Tibre, en Italie (voir : Romulus et Rémus).

De source un peu plus sûre, on sait que Sargon d’Agadê/Akkad était effectivement d’origine simple. 
Il serait devenu serviteur d’Ur-Zababa et parvenu au rang de Grand Échanson ("GAL.GEŠTIN" en sumérien). Cette position stratégique lui donnait accès au culte des dieux à travers l’offrande rituelle des boissons. 
La tradition rapporte qu’Enlil aurait été offensé par le souhait d’Ur-Zababa de modifier ce rituel et Sargon aurait alors comploté pour le renverser ; Ištar étant la déesse poliade de Kiš, c’était renouer avec elle que rétablir les offrandes rituelles dans leur tradition immuable. C’est sans doute à la suite d’intrigues politico-religieuses de ce genre que Sargon devint ensi à la place de l’ensi, vers 2270 av. J.-C. selon la chronologie courte. Il marcha sur Uruk, qu’il conquit et dont il démolit les remparts, puis se retourna contre Lugalzagesi, qu’il vainquit et emmena dans un carcan pour être exposé garrotté à la porte de l’"é-kur" (littéralement : « maison-montagne/étranger »), le temple d’Enlil à Nippur. Sargon s’empara ensuite d’Ur, de Lagaš et d’Umma. A Eninkimar, port de Lagaš, il « lava ses armes dans la mer » pour marquer son pouvoir sur tout le pays de Sumer, du nord au sud : c’était la fin de la période du Dynastique ancien (ou des Dynasties Archaïques) et le début de la période d’Akkad/Agadê.

Cet événement marqua une rupture historique majeure en Mésopotamie à deux égards :
  • la civilisation des Sémites de Haute-Mésopotamie prenait l’ascendant sur celle des Sumériens de Basse-Mésopotamie, ce qui se matérialisa par le recul très net de l’usage de la langue sumérienne, bientôt cantonnée aux activités d’élite (c’est-à-dire au culte, aux épopées et aux affaires d’État, puis bien vite seulement au culte et aux épopées) tandis que les domaines commercial et légal étaient gérés en akkadien,
  • pour la première fois dans l’Histoire une vaste région de Mésopotamie était politiquement unifiée sous l’autorité centrale d’un monarque.
Sargon fonda Agadê/Akkad sur l’Euphrate et conquit Mari et Ebla à l’ouest puis Awan et Warahše à l’est dans le Zagros et finalement Suse en Élam. 

Il épousa Tašlutum, une Agadéenne qui dut le partager avec un certain nombre de concubines. L’une d’entre elles, vraisemblablement sumérienne, lui donna une fille, Enheduanna, qui devint grande prêtresse de Nanna, Ningal et surtout Inanna à Ur. Sargon l’aurait placée à ce poste à l’"é-kiš-nu11-gal" (littéralement : « maison universelle du grand luminaire », c’est-à-dire le temple lunaire) d’Ur dans le but de contrôler plus étroitement les populations sumériennes du sud. 
Quarante-deux hymnes lui sont attribués, qui marquèrent le culte aux dieux à travers les différents temples de l’empire agadéen pendant près de cinq siècle, jusqu’à l’avènement d’Hammourabi, ce qui ferait d’ Enheduanna le plus ancien auteur littéraire identifié de l’Histoire.


2 commentaires:

  1. je veux savoir c'est quoi l'origine des akkadien, ils vient d'où ce peuple?

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  2. Le terme Akkad, ou Agadé, peut avoir plusieurs sens :
    - Akkad ou Agadé est une ville de l'ancienne Mésopotamie.

    - L'empire d'Akkad est un État qui domina la Mésopotamie de la fin du XXIVe siècle au début du XXIIe siècle av. J.-C..

    - Akkad est aussi le nom de la région située au nord de la Basse-Mésopotamie, par opposition au pays de Sumer.

    - Akkadien désigne à la fois la population de la région précédente et la langue sémitique que parlait ce peuple.

    [Source : wikipedia]

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