mardi 30 octobre 2012

Adoption dans l'Inde antique (2) - Le système Datta dans l'ancienne Inde, Dattahoma (cérémonie d'adoption), et notions légales modernes (1956)...

LE SYSTEME DATTA DANS L’ANCIENNE INDE

L'hindouisme se désigne lui-même en tant que Sanātana-Dharma (सनातन धर्म), "loi éternelle".
Les anciens indiens pensaient que les Lois  étaient des dons de Dieu et une découverte des Sages. Cette vision semble être similaire à la vue hindou antique selon laquelle Brahma créa le Dharma comme étant la Loi universelle, alors que dans les théories européennes antiques, la Loi est plutôt considérée comme l'incarnation de la justice éternelle.

Dans la littérature Smirti (textes de lois traditionnelles), le mot Dharma a été utilisé dans un sens très large. Smirti ou smrti désigne l’ensemble de textes appartenant à la tradition la plus ancienne de l'hindouisme mais dont l'autorité est considérablement moindre que celle des śruti (ou shruti : textes révélés).
Selon Kâtyâyana, le sens étymologique du mot Vyavahara (système judiciaire du droit hindou) indique la « suppression de doutes divers » : 'Vi' signifie divers, 'ava' signife doute, et 'hara' suppression.
Dans la littérature indienne antique, de nombreuses archives disent que le nombre de Smirtis était d’environ 100. Les smirtis traitent d’une une foule de sujets tels que les rites domestiques, les rites coutumiers, les héritages, etc.

Cradle Ceremony for Krishna ; Detail from Amriteshwara Temple, Karnataka

L'adoption est en rupture avec le Vyavahara (système judiciaire du droit hindou).
De nombreux smritis (comme Manu, Yâjnavalkya, Kapila, Lohita, Angira et Ankara)  ont vivement discuté sur les lois sur l'adoption et l'héritage de l'enfant adopté.

Anandadeva a respecté un vaste condensé appelé Smrtikaustubha divisé en plusieurs sections. La partie Samskarakaustubha sur le sujet de l'adoption est souvent citée comme Dattadidhiti.
C'est un traité d'une grande importance, qui mérite d'être étudié avec le Dattakamimamsa et le Vyavaharamayukha, et autres ouvrages semblables.
L'abbé J.A.Dubbois dans son travail sur les us et coutumes du peuple indien en général, a donné des détails exhaustifs concernant l'adoption  en s’appuyant sur ses propres observations et des textes qui sont venus à sa connaissance (Abbe J. A. Dubbois, Hindu Manners, Customs and Ceremonies).
S. C. Banerji a effectué un travail complet intitulé A glossary of Dharmasastra Literature. Il énumère de nombreux travaux sur le sujet de cérémonies antiques d’adoptions.
Le Dattkamimamsa de Nandapandita et le Samgrahavjikhya de Godavarmaraja de la famille royale Kotnnallur faisaient autorité par exemple pour les systèmes d’adoption dans l’ancienne Inde.
Le Dattakarnimamsavyakhya de Godavarmaraja discutait de la coutume établie d’adoption dans la jurisprudence de l’Inde antique. Godavarma clarifie les droits et l’héritage du fils adoptif. 
Il existe certaines interconnexions avec le Datta system and Adoption Law, autorisé par la cour pénale indienne.

L'adoption est un processus visant à intégrer un enfant de façon permanente dans une famille, avec tous les droits d'un enfant naturel, dans laquelle il n'était pas né. Le concept d'adoption comme une mesure de bien-être est d'origine récente.
 
Traditionnellement, un enfant était adopté à des fins temporelles et spirituelles, et plus récemment, pour satisfaire les instincts émotionnels et parentaux des adoptants.

Manu dit, «par un fils, un homme atteint la victoire sur tous les peuples ; par le fils d'un fils, il profite de l'immortalité, et, par la suite, par le fils d’un petit- fils, il atteint la demeure solaire. » (Manu. 9/137)

Selon le Arthashastra et d'autres textes anciens de jurisprudence, l'héritage d'une personne est divisée en différents modes, c'est à dire par la caste et la catégorie pratiloma-Anukuna  de fils. Il persiste une discussion sur les 12 types de fils. Ils sont : Aurasa, Ksetraja, Dattaka, Putrikaputra, Krtrima, Gudaja, ou  Apavidha, Kanlna, Sahodhaja, Knta, Paunarbha et Svayamdatta. Les six premiers types  sont des parents et héritiers directs, et les six derniers sont parents et héritiers collatéraux. Manu n'énumère pas le «Putrika» comme égal  à son fils. Godavarma a interprété dans son travail  le «Putra» comme incluant une fille. En l'absence de Aurasa, Ksetraja  équivaut  à cette place. Après ces deux fils, la plupart des Smritis donnent de l'importance à Datta autrement appelé Datrima ou Dattaka.
Sankarasmrti, une œuvre Kerala inconnue jusqu’alors, explique minutieusement les sytèmes Datta de deux manières, à savoir selon le système matrilinéaire ou patrilinéaire, appelés respectivement Matrdayadavyavastha et Pitrdayadavyavastha. Mais aurasa et dattaka sont les fils enregistrables, et les autres n’existent plus actuellement.

Dans la littérature Smriti (textes de Lois traditionnelles), les lois sur l’adoption étaient fondées sur les parents et non sur les enfants.
Les smritikaras (auteurs des smritis) ont suggéré que seul un fils pouvait être adopté pour la continuation de la lignée familiale et faire des offrandes aux ancêtres décédés.
Le Dharmasastra traite en détails des caractéristiques des enfants de sexe masculin pouvant être adoptés. Le fils adopté est  « arraché » à sa famille d’origine et transplanté dans la famille adoptive comme un fils naturel.

Dans certaines zones régionales comme Madras ou Pondichéryl'adoption d’une fillette avait lieu pour transmettre les biens et la profession de leur mère adoptive.
Selon le droit coutumier Marumakkattaya, l'adoption d'une fillette était reconnue seulement en cas d'extinction d'un Tarwad (famille matriarcale Nair traditionnelle dans le Kerala, appelée Tarawad ou Marumakkathayam family).
Mais à l'heure actuelle la loi d'adoption parmi les hindous est complètement réglementée par the Hindu Adoption and Maintenance Act of 1956. Et la plupart des smritis interdisent à la mère de faire don d’un enfant (ils disent: "Na stree putram dadyat "). Mais il existait des dérogations (Yâjnavalkya par exemple donnait  une dérogation, en disant : « Mata pita va dadyat ").
                                                                                                                                       
L’ensemble des Smriti et Purāṇa (recueil de textes mythologiques et religieux) décrètent qu’un  fils unique ne doit pas être donné ou reçu par une adoption.
Un autre jugement courant est que l'adoption doit être faite par caste ou par clan (gotra).
Manu, Yâjnavalkya et d’autres Smrtikaras déclarent que la vente et le don des enfants sont immorales. Cela souligne l’existence de la pratique de la vente et du don des enfants dans l'Inde ancienne. Mais les Smrtikaras reconnaissaient l'adoption.

L'âge d'adoption est également un point important dans la jurisprudence ancienne et moderne.
Dans le Dattakamimamsavyakhya de Godavarmaraja, il est dit de ne pas prendre de garçon qui n’a pas fait ses samskaras (formations karmiques) tels que jatakarma et cula.
 La plupart des législateurs antérieurs font remarquer que le meilleur moment de l'adoption est de trois à cinq ans. Mais le Sankarasmrti et le Vyavaharamayukha permettaient une adoption à un âge avancé aussi.
Selon the Hindu Adoption and Maintenance Act 1956, un père adoptif doit avoir au moins 21 ans de plus que la personne qui sera adoptée, et admet qu’un homme non marié ou qu’une femme puisse adopter un enfant avec une différence d'âge de 21 ans.

Dans l'ancienne jurisprudence indienne, la cérémonie d'adoption (Dattahoma) est le témoin précieux de l'adoption.
Godavarma dit que pour la validité de l'adoption, l'adoptant devait inviter ses proches,  des acaryas (professeurs), le roi etc.  De nos jours, le tribunal de district doit avoir la compétence pour mener  les procédures d’adoption.

Les Smrtikaras  ont aussi discuté à propos de l'héritage d'un enfant adopté. Ils disent que si une personne prend un enfant comme le sien, il sera le gérant ou l'héritier de l’ensemble des biens. Mais si un garçon est né après l'adoption, l'enfant adopté a le droit de propriété.
Par contre, un fils adopté illégalement ne peut pas avoir de droit quelle que soit la revendication.  Des Smritis comme Vasista disent que l’enfant adopté ne doit pas obtenir les biens de ses parents d’origine, à l’exception des droits de réaliser les rites funéraires (Pindakriya).

Dans la période védique du droit indien, la pratique de l'adoption n'a pas été souvent un recours à un manque de progéniture masculine.
La loi hindoue de l'adoption est principalement fondée sur la croyance religieuse qu’un fils est absolument essentiel pour le salut spirituel. 
 
En 1956, the Hindu Adoption and Maintenance Act a été adopté pour supprimer les adoptions d'enfants sans décisions judiciaires. En tout cas, l’absence de descendance demeure une affection mentale intolérable, et est identique à la douleur ou au chagrin d'un enfant trouvé.
L'adoption peut faire bénéficier d'une protection ou d’une relation avec cet enfant trouvé. L'adoption légale est valorisée et autorisée à jamais.

[Sources :
> ANCIENT INDIAN DATTA SYSTEM, AMBIKA K. R. Sr. Lr. In Sanskrit Sahitya,Sree Sankaracharya University of Sanskrit R/C,Thrissur, vijnanacintamani e-journal of sngscollege.info :

George Harrison -Within You Without You

>>> VOIR AUSSI :
ADOPTION DANS L'INDE ANTIQUE (1) - Notions légales...

1 commentaire:

  1. Merci pour toutes ces infos sur l adoption dans les textes anciens indiens.

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