mardi 25 mars 2014

Adoption en Corée du Nord (2) - Politique de l'adoption entre Corée du Nord et Corée du Sud...

[Voir aussi : 
>>> Adoption en Corée du Nord (1) - Un sujet problématique ; histoire officielle de l'adoption en Corée du Nord... ]

Politiques de l’adoption entre Corée du Nord et Corée du Sud

L’adoption sud-coréenne commença après la guerre de Corée, se poursuivit au cours des années 1960 et atteignit son apogée dans les années 1970 et 1980.

Les années 1970 virent une bataille acharnée pour la légitimité entre les deux États coréens par tous les moyens possibles ; de la propagande écrite et orale à un coûteux championnat dans l'établissement d'ambassades et des tentatives d'assassinat. En conséquence, la question controversée de l’adoption internationale de la Corée du Sud devint une partie de cette guerre de propagande.


Peinture du côté Nord-coréen de la Zone Démilitarisée où il est écrit :
"Nos enfants hériteront d'une péninsule unifiée !"

Au début des années 1970, la Corée du Nord accusait ouvertement la Corée du Sud de vendre la progéniture coréenne aux Occidentaux dans un but lucratif comme un exemple révoltant du soi-disant flunkeyisme [NDLR : flunkyism en anglais ; mise en servitude, en domesticité] ou sadaejuûi, l'attitude inverse étant bien sûr l'autonomie ou chujê.

Le Pyongyang Times écrivit : « Les traîtres de la Corée du Sud, vétérans de trahisons, vendent des milliers, des dizaines de milliers d'enfants loqueteux et affamés aux maraudeurs étrangers sous le nom d'‘enfants adoptés’. »
La mise en évidence de la question conduisit à des arrêts temporaires affectés par la panique, l'adoption internationale fut transformée en quelque chose de similaire à un secret d’État officiel, et l'adoption domestique fut promue en Corée du Sud à partir de 1975.

L'adoption internationale impliqua aussi les pour et les contre des États coréens respectifs. 
L’organisation pro-Nord, Chongryun, commença à inclure des « compatriotes adoptés à l'étranger » en adressant leurs lettres concernant les affaires coréennes, et le magazine tout aussi progressiste Hanyang publia une attaque furieuse contre l'adoption internationale considérée comme un « crime », « vendant nos propres citoyens aux étrangers », et comme un « affront contre la nation » :

« Alors, dans quel but ces Occidentaux importent-ils des orphelins coréens?
La vie occidentale est complètement gouvernée par des vices tels que l'exploitation, la répression, la xénophobie, et l'égoïsme, et il n'est pas possible que ces gens adoptent nos orphelins de l'autre bord de l'océan par sympathie. 
Pourquoi de tels gens voudraient-ils encore élever nos orphelins à devenir des êtres humains convenables? 
Une telle vertu ne peut pas exister dans leur société où règne la loi de la jungle
La seule raison possible d'adopter nos orphelins serait l'argent... Ils devront certainement investir de l'argent pour élever ces enfants jusqu'à qu’à ce que ces derniers se transforment en une main-d'œuvre productive
Les conquérants n'entraînent-ils pas toujours les autochtones selon les manières des premiers pour que ces derniers soient dociles à toute exploitation coloniale par les premiers? 
Pour la même raison, les parents occidentaux éduqueraient leurs enfants coréens à être de bons « esclaves de maison »
Considérant cela, comme les épreuves de ces enfants adoptés doivent être énormes! »

Pendant la décennie 80, les médias nord-coréens continuèrent à écrire sur le sort des enfants abandonnés en Corée du Sud, et en 1988, lorsque les médias occidentaux commencèrent à écrire sur l'adoption internationale pendant les Jeux olympiques de Séoul, la Corée du Nord reprit son activité. 

Le magazine américain The Progressive ouvrit en publiant un article d'investigation dans son édition de janvier, qui dépeignait la Corée du Sud comme un pays spécialisé dans le business d’enfants.
L'article fut immédiatement publié en feuilleton dans le magazine nord-coréen The People ́s Korea, et l'attention négative qui suivit, créa une image de la Corée du Sud en tant que plus grand exportateur d’orphelins au monde ou koasuch'ulguk.

Enfin, en 1992, la Corée du Nord invita solennellement un Coréen adopté d'Allemagne au Festival mondial de la jeunesse à Pyongyang comme une façon de montrer la solidarité ethnique coréenne.

[Source : Corée du Nord et adoption ; Tobias Hübinette (Korean Quarterly, hiver 2002/2003)
< http://www.tobiashubinette.se/core_du_nord_et_adoption.pdf >]



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