dimanche 8 février 2015

ChAb-AdAge N° 1 : Dans une pratique éthique d'adoption internationale, le déracinement est préalable à l'adoption...

D'aucuns parlent de déracinement, de double déracinement même (on n'est plus à un déracinement près...) dans l'adoption, comme si l'adoption était de fait coupable de déraciner l'enfant, de l'arracher à ses origines. C'est une vision qui a l'avantage à la fois de culpabiliser ceux qui adoptent et de dénigrer ceux qui sont acteurs des pratiques d'adoption internationale.


Reprenons donc les faits dans le cadre d'une pratique éthique d'adoption internationale.
Par "pratique éthique", j'entends "conforme à la Convention de La Haye (CLH) de mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale", outil juridique pour encadrer les pratiques d'adoption internationale. J'exclus donc de cette définition les trafics ou vols d'enfants, qui n'ont rien à voir avec de l'adoption.

La CLH considère l'adoption internationale comme mesure de protection de l'enfance de dernier recours : en situation d'abandon, on recherche une solution de prise en charge de l'enfant sur place : d'abord dans la famille nucléaire, puis dans la famille élargie, puis dans le pays d'origine lui-même (adoption nationale). Ce n'est que s'il n'y a pas de solution d'enracinement possible dans la terre d'origine de l'enfant que l'adoption internationale est proposée.

L'adoption internationale devient donc une solution de possible enracinement de l'enfant dans une terre différente de sa terre natale,  lorsque cet enracinement est de fait impossible ou fortement compromis dans cette terre natale, l'enfant étant déraciné avant même d'être adopté.

Une adoption faite éthiquement dans l'intérêt supérieur de l'enfant est donc bel et bien dans l'intérêt supérieur des adoptants (comme le dit le Dr Jean-Jacques Choulot), et ne crée pas en soi de déracinement.

Je précise bien évidemment qu'il s'agit là d'une démonstration factuelle, mais qui ne remet absolument pas en cause la manière dont les choses peuvent être vécues et ressenties par l'adopté à certaines périodes de son existence : (liste non exhaustive...) sentiment/angoisse/ peur de l'abandon, impression d'être entre deux mondes (limbes, troisième monde), étrangeté, acculturation etc.

 Il serait donc fallacieux de condamner les pratiques éthiques d'adoption internationale d'être coupable d'un quelconque déracinement, même si l'adopté peut le vivre comme tel à certains moments de son existence, et que l'adoption l'a fait migrer pour une terre différente de sa terre natale !




4 commentaires:

  1. Petit postulat qui m'a laissée songeuse, et qui permet un autre regard sur cette histoire de racines et la grande aventure de la vie : "Un homme n'a pas de racines, il a des pieds" Salman Rushdie

    Bonne journée!

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    1. Merci beaucoup Anne pour ton commentaire.

      Et merci pour la magnifique citation de Salman Rushdie, que je vais m'empresser de retenir !

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  2. Magnifique article je trouve... merci .
    Laure

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    1. Merci pour votre commentaire Laure. Je suis très heureux que cet article vous ait plu !

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