Tube des 60's - Dans ma vie... Première grande chanson de John ?

Un peu de Beatles dans ma vie...

[The Beatles - In my life ; lien : http://www.youtube.com/watch?v=zI0Q8ytD44Y]

John écrivait des chansons autobiographiques depuis plus d'un an, mais c'est avec In my life qu'il eut l'impression d'avoir réussi la percée que Kenneth Allsop appelait de tous ses vœux en mars 1964, lorsqu'il lui suggéra de s'intéresser à ses propres sentiments.

Enregistré en octobre 1965, cette chanson avait subi une longue période de gestation. Elle avait commencé sous la forme d'un long poème dans lequel il évoquait les plus beaux souvenirs de son enfance, en retraçant le trajet qu'il faisait de sa maison, sur Men-love Avenue, jusqu'à Docker's Umbrella (le parapluie des Dockers), une section de chemin de fer surélevée, qui longeait les quais de Liverpool jusqu'à son démantèlement en 1958, et sous laquelle les dockers s'abritaient de la pluie.

Elliot Mintz, à qui Yoko Ono confia le soin d'inventorier tous les objets personnels de John après sa mort, se souvient d'avoir vu le manuscrit de la première version de la chanson. "Elle se trouvait dans un grand livre dans lequel il gardait tous ses originaux de l'époque des Beatles, raconte Mintz. Il m'avait déjà racontée comment elle avait été composée, et pourquoi il considérait que c'était un moment important dans sa carrière ; et je l'avais dans les mains, telle qu'il me l'avait décrite. La chanson était très longue et incluait  de nombreux noms d'endroits, dont Penny Lane."
 Dans une version ultérieure que John avait ramenée à une seule page, on trouve encore Penny Lane, Church Road, la tour de l'Horloge, le cinéma Abbey, les hangars des trams, le Dutch Cafe, l'église St. Columbus, Docker's Umbrella et Calderstones Park. Cette description était effectivement autobiographique, mais John réalisa qu'il ne s'agissait que d'une série d'instantanés reliés uniquement par son sentiment que des paysages autrefois familiers étaient voués à la disparition. Il n'y avait plus de trams dans les hangars, et Docker's Umbrella avait été démantelée. "Cette chanson était une rédaction dans le plus pur style "Ce que j'ai fait durant mes vacances", dit John. Ça en fonctionnait pas du tout... Alors je me suis enfoncé dans mon siège, et toutes ces idées sur les endroits dont je me souvenais ont commencé à venir..."

John abandonna tous les noms de lieux et se concentra sur l'enfance et l'adolescence disparues, transformant ce qui aurait pu être une évolution de Liverpool en une chanson universelle sur la mort et les effets du temps. On découvrait un dur, qui, à une époque, riait des paralytiques, affichait un profond mépris pour les classes moyennes dont il était issu, et était cependant sentimental. Toute sa vie, il a gardé une boite remplie de souvenirs de sa jeunesse dans son appartement, et alla jusqu'à écrire à sa tante Mimi pour lui demander la cravate de son uniforme de Quarry Bank (son école secondaire).

John confia un jour à Pete Shotton que les vers concernant ses amis, "dont certains sont morts et d'autres vivants", avaient été écrits pour Shotton et l'ancien Beatle Stuart Sutcliffe, mort d'une tumeur au cerveau en avril 1962.

L'origine de la mélodie reste controversée. John a déclaré que Paul l'avait aidé pour une partie sur laquelle il était bloqué : Paul, lui reste certain de l'avoir entièrement composée. "Je me souviens que le texte était écrit sous la forme d'un long poème ; je me suis mis à réfléchir, et j'ai commencé à travailler sur le Melotron, raconte-t-il. La musique, si mes souvenirs sont exacts, avait été inspirée par les Miracles."

Le solo de piano est joué par George Martin, qui enregistra sa partie, puis repassa la bande à double vitesse pour créer un effet baroque. Lorsque John écouta la version définitive de In my life, il dit qu'il s'agissait de "sa première grande chanson".

[Source : TURNER S, L'intégrale Beatles -les secrets de leurs chansons, Paris, Hors collection, 1995]