mercredi 16 mars 2011

La coutume d’adoption "à la romaine" d’héritiers au trône dans les Etats Princiers de l’ancienne Inde et la Doctrine du Lapse de l’Empire britannique…

L’Inde britannique en 1909 (en rose)
                                                              
[ Avec ce titre de billet, je viens de battre mon record de titre de billet le plus long...]

Jusqu'au 19e siècle, ce qui est maintenant l'Inde  était un patchwork de plus de 650 États princiers, équivalent à des royaumes, allant du plus petit et relativement peu important, au plus grand, immensément riche et puissant, dominés par les hommes exclusivement portant un large éventail de titres en plus des habituels maharajahs et rajas.


En vertu d'une ancienne coutume hindoue, afin d'éviter des conflits pour la succession sur le trône, un souverain sans enfant pouvait adopter un homme de tout âge d'une autre branche de la famille régnante et le nommer comme héritier apparenté. On retrouve des coutumes semblables dans la Rome antique et au cours de la dynastie chinoise des Qing.

Dans les royaumes Rajput, un dirigeant pouvait adopter un certain nombre de garçons, appelés bhayats, qui vivaient dans les palais et étaient pris en charge ensemble en vue d’une éventuelle succession. 
Si le prince n’avait donné naissance à aucun garçon (un fils clairement reconnu comme incapable ou déloyal pouvait être exclu de la succession), l'héritier apparenté était finalement sélectionné au sein de ces bhayats.
Si le dirigeant était décédé avant l'adoption d'un successeur, une de ses veuves pouvait adopter un héritier, qui accédait immédiatement au trône. L'adopté rompait dès lors tous ses liens d’avec sa famille biologique.

Lorsque l'Empire britannique arriva en Inde en 1757, la doctrine de préemption ou doctrine du Lapse (Doctrine of the Lapse) fut mise au point parmi les stratagèmes pour s’accaparer les terres, abrogeant l'ancienne coutume.

La doctrine du lapse était une politique d'annexion d'États indiens élaborée par Lord Dalhousie alors qu'il était Gouverneur général des Indes entre 1848 et 1856.
Selon la doctrine, tout territoire ou État princier sous l'influence directe (paramountcy) de la Compagnie anglaise des Indes orientales (East India Company), état vassal sous le système de subsidiarité britannique, serait automatiquement annexé, si le dirigeant n'avait pas d'héritier naturel au trône, en opposition à la tradition indienne d'adoption dans cette éventualité.

Suite à son adoption, la Compagnie se trouva en position d'étendre sa juridiction sur un grand nombre de régions réparties dans le subcontinent. Elle annexa ainsi les États de Sâtârâ (1848), Jaitpur et Shambalpur (1849), Baghat (1850), Udaipur (1852), Nâgpur (1854), Jhânsi (1855) et Awadh (Oudh) (1856), dont elle avait accusé les nâwabs (vassaux) de mauvaise gouvernance, en utilisant cette doctrine. 

Avec le temps, elle devint la cause d'un grand mécontentement au sein de la société indienne et fut l'une des causes de la révolte des Cipayes (soldats indiens sous commandement britannique) de 1857, qui marque le début réel de près de 100 ans de lutte pour l'indépendance. La doctrine du lapse sera finalement abandonnée par le Raj, en 1859, et la tradition ancienne de l'adoption d'un héritier a été de nouveau reconnue. 


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