mercredi 23 février 2011

ADOPTION - Quand l'Académie de Médecine donne un avis en faveur de l'adoption nationale...

Si vous n'avez pas lu le Post de mon Maitre Jean Vital, lisez d'abord son billet (en lien sur le texte coloré).
(Et revenez ici pour lire la suite quand même...)
Pour avoir plus d'informations sur l'Académie Nationale de Médecine, cliquez dessus (lien coloré).

Après avoir lus les articles sur le net du Figaro, des Echos et de Elle, ainsi  que l'article sur le site de Zench ,
j'apporte ici quelques réflexions personnelles (non exhaustives évidemment...) suite à ces lectures :



Défendre l'adoption nationale est une bonne chose, à condition de ne pas en faire un argument pour interdire  ou pour jeter l'opprobre sur l'adoption internationale. 

Que l' instance nationale des grands sages de la Médecine soit pour une meilleure prise en charge de l'enfance délaissée et invite mes confrères et moi-même à un meilleur dépistage des maltraitances décelables et à plus de signalement des sévices avérés est forcément une bonne chose et on ne peut que se féliciter d'une telle démarche.

Je rappelle simplement qu'il s'agit bien d'un cas prévu par le Code de Déontologie médicale où la levée du 'sacro-saint' secret professionnel médical est possible et n'est pas opposable.

En outre, je rappelle que le non signalement relève de la non-assistance à personne en danger si le médecin avait connaissance de sévices cliniques décelables qu'il ne les a pas signalés  au Procureur ou volontairement négligés.
Je ne suis ni juriste, ni légiste, mais l'idée écrite "d'obliger" les médecins au signalement est déjà un cadre prévu par la Loi et le Code de déontologie, et il ne s'agit ni de flicage ou ni d'incitation à la délation... Et cette assistance à personne en danger est une démarche qui s'applique à tout citoyen, et pas uniquement aux médecins.

Que l'Académie de Médecine soit pour une facilitation de l'adoption nationale (ou domestique ou interne... au choix), tout dépend à quels niveaux devrait se situer cette facilitation :

S'il s'agit uniquement d'accélérer les choses, je pense que c'est une mauvaise idée : il faut du temps, et le "besoin" ne doit pas être un motif d'urgence et de précipitation. Les démarches d'adoption et l'adoption prennent du temps, tout comme la construction du projet parental puis de la famille prend du temps, quelle que soit l'origine de l'enfant... Et il s'agit d'enfants et de familles, pas d'animaux domestiques ou de marchandises, ou d'expédients pour répondre à un besoin urgent, ou d'un prétexte pour faire bonne figure.

Comme le souligne Mme Caillaux d'ATD Quart Monde ,il est important de ne "pas aller trop vite en besogne", et de garder contact avec les parents biologiques autant que possible, car dans l'idéal, l'enfant reste avec ses parents biologiques ; tout dépend ensuite de la gravité et de l'évolutivité de chaque situation, qui nécessite des outils pour les services sociaux pour bien évaluer les cas de délaissement parental, et ne pas juger trop vite  de ce type de décision, sensible et complexe, comme le préconise Mme Geneviève Miral, présidente d'EFA.

S'il s'agit de rendre plus simple l'adoption des enfants, il faut donc se donner les moyens de former les services sociaux et les cellules Adoption de tous les Conseils Généraux de manière homogène, ainsi que tous les juristes en charge des décisions. Et la Loi, fusse-t-elle plus récente et plus adaptée, n'est pas forcément connue de tous d'une part, et d'autre part se heurte aux idées reçues et à la subjectivité éventuelle de tous les intervenants.
Avant de rendre plus simple l'adoption, il faut rendre plus facilement adoptables les enfants en situation de maltraitance ou de négligence parentales, et faire évoluer les mentalités sur la parenté et la filiation adoptive (et ce n'est pas gagné d'avance...).

Sans entrer dans les détails (car il n'y a pas de généralités en matière d'adoptions, mais bien des adoptions et des situations particulières), mais si vous avez affaire à des intervenants pour le "Tout Biologique", les décisions de déchéances des droits parentaux, les procédures, les décisions d'adoption ne seront pas forcément les mêmes qu'avec des intervenants "Pro-Adoption".

Les politiques aussi, via les Présidents des Conseils Généraux, doivent être mieux informés sur ce qu'est l'adoption, et ne pas utiliser qu'à des fins électoralistes leurs décisions : l'émotionnel et le sentiment d'urgence ne doivent pas entraver la bonne conduite des démarches pour qu'un enfant adopté ait une famille adaptée, et pas uniquement l'inverse. C'est toujours intéressant d'avoir des statistiques, mais on ne gère pas des chiffres : on gère des êtres humains et des familles qui, on l'espère, le resteront à vie. Et ce serait dramatique pour l'enfant de subir en plus une séparation d'avec sa famille adoptive...

La préconisation de l'Académie de médecine  de faciliter l’adoption simple, c'est-à-dire "transférer aux parents adoptifs  l’autorité parentale tout en maintenant les liens avec la famille biologique", est une bonne chose. Mais je ne ferai pas de débat entre adoption simple et adoption plénière (je ne suis pas juriste et c'est un débat qui ne m'intéresse pas) : il est possible de garder des liens avec les parents de naissance dans l'adoption plénière également, et la différence entre les deux se fait sur les questions d'héritage, point (final).

La création d'une filière de familles  d'accueil bénévoles, qui permettrait aux  candidats de « montrer la priorité qu'ils accordent au bonheur de l'enfant et  donnerait à l'adoption son véritable sens : une famille à l'enfant, et non  l'inverse », me semble être une bonne initiative également, si cela se fait dans l'intérêt de l'enfant avant tout.

Quoi qu'il en soit, il est toujours préférable d'être dans une famille aimante (d'accueil ou a fortiori adoptive) que dans une institution, fusse-t-elle la meilleure du monde (et je parle avec l'expérience transmise par mes propres parents qui ont travaillé toute leur vie dans l'éducation spécialisée).

4 commentaires:

  1. La Belgique francophone est confrontée au cas la petite Alicia qui a subi les pires maltraitances.


    Alicia torturée : la fillette de 3 ans était pourtant suivie de près par les Services de l'Aide à la jeunesse. Le risque zéro n'existe pas au SAJ

    Un drame de la pauvreté, matérielle et morale, et de la cruauté aussi s’est noué dimanche à Bruxelles (Anderlecht). Une fillette de trois ans, bientôt quatre, a été admise à l’hôpital Erasme après avoir été soumise à d’abominables tortures par l’ex-ami de sa mère et la compagne mineure de ce dernier.

    Alicia demeurait mardi soir dans un état « extrêmement critique ». Les services d’urgence avaient dû réactiver son rythme cardiaque à leur arrivée sur les lieux. La petite fille avait le visage brûlé à 75 % par des projections d’eau bouillante, également répandues sur son bas-ventre. Ses bourreaux lui auraient aussi infligé de cruelles lacérations au cutter ainsi que des brûlures de cigarettes. Ivre de douleur, Alicia est tombée dans le coma.
    Le juge d’instruction Frédéric De Visscher a placé sous mandat d’arrêt l’ex-ami de la mère de la petite victime, un jeune homme âgé de 22 ans, qui n’est pas le père de l’enfant. Il a été inculpé de coups et blessures volontaires, de tortures ayant entraîné une incapacité permanente. Sa compagne, mineure d’âge et qui aurait participé aux faits, a également été privée de liberté et a été placée dans un centre fermé pour jeunes délinquants. La maman d’Alicia a été inculpée de « non-assistance à personne en danger » : elle n’aurait pas agi, au sens de cette inculpation, pour protéger son enfant des sévices de ses bourreaux.

    Rien, selon la ministre Evelyne Huytebroeck (Ecolo), chargée de la protection de la jeunesse au sein de la Communauté française, n’aurait pu prédire ce drame. « Les services de l’Aide à la Jeunesse (SAJ), a-t-elle précisé hier, ont été avertis au cours de l’été dernier par les services de l’ONE, de la situation d’une maman en situation fragile et en précarité sociale ».
    La maman d’Alicia souffrait essentiellement, sur le plan physique, d’un diabète. Elle n’était pas signalée comme « maman maltraitante » et semblait entretenir avec Alicia des liens affectifs normaux. Dès le 19 septembre, le SAIE (service d’aide et d’intervention éducative) a pris des dispositions pour assurer le suivi de cette mère et de son enfant afin de leur assurer un quotidien stable.

    Un placement envisagé

    Cette procédure impliquait notamment la visite domiciliaire de conseillers du SAIE une fois par semaine. Un rapport dressé le 2 décembre 2010 indiquait qu’aucun problème de maltraitance n’avait été détecté. Le 26 décembre, la maman fut hospitalisée à Erasme pour ses problèmes de diabète. Sa fillette, qui ne pouvait être accueillie ailleurs en raison d’un isolement relationnel et familial, fut hospitalisée avec elle. Elles sortirent de l’hôpital le 11 janvier. Et le 21 janvier Erasme adressa un rapport au SAIE soulignant l’importance d’entreprendre un travail thérapeutique. Le 9 février, le rapport du SAIE fut transmis au SAJ. Et le vendredi 18 février, des agents du Service d’aide à la jeunesse rencontrèrent la maman, lui parlant notamment d’une possibilité de placement d’Alicia en famille d’accueil. Alicia n’était pas présente : « à l’école », selon sa maman.
    La ministre Huytebroeck a demandé une enquête à ses services pour établir les événements intervenus au cours de la dernière quinzaine. Le père d’Alicia devait être informé du sort réservé à sa fillette par l’administration pénitentiaire. Il est en effet incarcéré.

    Sources: Le Soir, RTL info

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  2. Bonsoir
    Je ne trouve pas la suggestion de raccourcir le délai d'un an très judicieuse, en revanche les délais "administratifs" et judiciaires qui suivent peuvent sans doute être réduits sans nuire à la qualité des investigations et des contrôles. Quand il faut 4 ans en moyenne avant de reconnaître l'adoptabilité, APRES ce premier délai légal d'un an, on peut s'interroger...

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  3. @ Zench : le pire peut arriver malheureusement(en Belgique ou en France)... Et on ne peut que s'indigner pour l'histoire terrible de la petite Alicia...

    @ Mamaucy : tout fait d'acc' avec toi... Pour rendre les enfants plus facilement adoptables, il serait souhaitable que les délais administratifs et judiciaires soient plus réduits à partir du moment où l'enfant est reconnu comme adoptable, et pas forcément réduire à 6 mois le délai antérieur à l'adoptabilité, qui ne représente pas la majeure partie de la longueur des procédures actuelles...

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  4. Je débarque sur votre blog par celui de Kakrine et j'abonde dans votre réflexion sur ce sujet.
    L'académie a levé un pan du voile sur le sujet resté aux oubliettes depuis le rapport Colombani.
    Pourvu que ça avance...

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