mercredi 28 septembre 2011

Adoption dans l'Inde antique (1) : notions légales...

 
Shiva’s Family (Uma-Mahaeshvara) ; Minneapolis Institute of Arts.
Shiva, Parvati et leurs deux fils (Ganesha et Skanda) sont représentés dans cette sculpture.
[La divinité hindoue Parvati a conçu son fils Ganesh à partir de la saleté et de la poussière recueillies sur son propre corps, afin qu'il puisse la protéger pendant son bain quand son mari Shiva était absent. ]

Je me souviens de la discussion très sympathique dans un resto dijjjonnais avec Madame Adoption en Inde, Moushette - au charabia qui ne manque pas de piment, et qui est aux Anges en famille - lors de la JER, où Moushette se (me) demandait si l'adoption en Inde existait depuis longtemps et pourquoi... 
A cette question pertinente et qui m'a laissé perplexe sur le coup, et après huit mois de recherches intensives sur des références en sanskrit - véridique...- entre autres, voici quelques notions sur l'adoption d'enfants en Inde ancienne... (un autre billet suivra à l'occas', quand j'aurai perfectionné mon niveau de sanskrit, promis...)

[Et comme je suis courtois, je n'ai pas dit tout le respect que je voue aux personnes âgées dont Moushette fait presque partie (à 35 ans près certes...).]

Notions légales sur l'adoption d’enfants dans l’Inde antique…

L’adoption d’enfant était une pratique sociale courante dans l’hindouisme depuis les temps antiques. L'hindouisme se désigne lui-même en tant que Sanātana-Dharma (सनातन धर्म), "loi éternelle".

De même que dans d’autres sociétés antiques, les préoccupations religieuses, notamment la perpétuation de la lignée familiale et le culte des ancêtres,  étaient des motivations fondamentales pour l’adoption. 

Selon le Manu-smrti, un livre faisant autorité dans la Loi Hindoue, qui date dans sa forme actuelle du premier siècle avant J.C., "celui à qui la nature a refusé un fils peut en adopter un, de sorte que les cérémonies funéraires ne cessent pas".
D’autres besoins parentaux, - à savoir la perpétuation du nom de famille et de la lignée de même que les soins pendant la vieillesse -, étaient également des motivations importantes pour l’adoption.
Pour ces raisons, l’adoption en vertu des lois hindoues traditionnelles était réservée à des fils qui pouvaient, une fois adopté, devenir des héritiers légaux à part entière.

La loi hindoue reconnaissait 12 types différents de filiations, dont la putrika Putra, correspondant à la filiation impliquant le plus l'adoption, celle d'un petit-enfant masculin par un homme sans fils.

Pour que l’adoption soit reconnue légalement, elle devait être accompagnée d'un rituel religieux appelé Datta homam. Compte tenu de l'importance accordée à la perpétuation de la lignée, les fils adoptifs avaient les mêmes privilèges et obligations dans leur nouvelle famille que les fils biologiques, mais conservaient un lien minimal avec leur famille biologique, qui incluait des limitations concernant les mariages entre consanguins.

La Loi Hindoue stipulait également des exigences variées pour les parents adoptifs et les enfants adoptés.
Le père adoptif devait ne pas avoir de progéniture masculine et devait appartenir à la même caste que la personne adoptée.
L'enfant adopté devait recevoir le consentement d'un parent proche et avoir des frères  biologiques afin d'assurer la poursuite de sa propre lignée d’origine. Il était également préférable que l’enfant adopté fût un proche parent du parent adoptif.
L’adoption d’enfants orphelins ou de filles n’était pas autorisée.

[Source : United Nations Department of Economic and Social Affairs/Population Division, Child adoption : Trends and Policies, New York, United Nations, 2010]


Taj Mahal | Music of Ancient India

4 commentaires:

  1. sympa pour les orphelins et les filles! (lol)

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  2. Merci Julien pour cet intéressant billet.

    Les indiens de s'temps là adoptaient donc dans l'intérêt supérieur des adultes (pour leur assurer la descendance mâle) !!!

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  3. @ Anne : effectivement, dans une société antique ou les lignées de sang et la patrilinéarité sont fondamentales, les orphelins et les filles sont "négligeables" ou "exploitables"...

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  4. @ Moushette : oui, excellent ! Je te pique cette notion "dans l'intérêt supérieur de l'adulte" (commune à d'autres sociétés antiques, mais pour des raisons différentes)!

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