dimanche 30 janvier 2011

ADOPTION - DES GENITEURS, DES PARENTS, OU LES DEUX ?

Filiation adoptive et filiation biologique sont de même valeur juridique en France depuis les lois Veil de 1966.

■ Le fait de donner naissance (être géniteur) devrait être distingué de la parentalité (être parent).



Un parent biologique peut perdre ses droits parentaux sur l’enfant par décision de justice.
Inversement, un adulte peut devenir parent d’un enfant dont il n’est pas le géniteur (également par décision de justice).

Tous les « parents biologiques » sont des géniteurs. Mais tous les géniteurs ne sont pas des parents.

A la naissance de l’enfant, le père n’est que géniteur. Vient ensuite ou non la reconnaissance
du nouveau-né : ce n’est qu’à partir de la reconnaissance de cet enfant que l’on devient parent. 
Pensez à l'Antiquité Romaine, où l'enfant nouveau-né est d'abord exposé au Pater familias, qui décidera ou non de l'élever (nous avons gardé le sens figuré d'élever ses enfants), l'élévation matérialisant le geste officiel de reconnaissance de cet enfant.[Pour en savoir plus, et avoir une approche du philosophe de l'adoption,Jean Philippe PIERRON, je vous renvoie à son livre : On ne choisit pas ses parents. Comment penser la filiation et l'adoption ?,Paris, Seuil, 2003]

Or, par la suite, il est possible de perdre ses droits parentaux. Si bien que le sang (le biologique) ne détermine pas obligatoirement le statut de parent. La distinction entre géniteur et parent est donc capitale. Le simple fait d’employer le terme de « parents biologiques » montre l’importance de l’inné, du lien du sang et du biologique dans notre société (question que je traiterai ultérieurement).
Est-ce que tout est inscrit dans nos gènes dès notre naissance ? Cela me semble simpliste et dangereux de le penser. Des théories eugénistes, déterministes ont fait preuve de leurs atrocités dans le passé. Et l’environnement, l’acquis peuvent induire de multiples changements.

■ Le terme de parent biologique peut tout de même être conservé, car il existe effectivement des cas où l’enfant a quatre parents : ses parents biologiques et ses parents adoptifs. L'exemple le plus frappant existe depuis des siècles en Polynésie [pour en savoir plus : je vous renvoie à l'excellent et incontournable livre de mon Maitre DE MONLEON JV., Naitre là-bas, Grandir ici, Paris, Belin, 2003] , où les filiations adoptive et biologique ont même valeur en pratique sociétale (ce qui n'est pas encore le cas dans toutes les mentalités gallo-françaises): cette parenté est sociale avant tout.

Reste ensuite à distinguer s’il existe un lien avec ses géniteurs, auquel cas on pourrait les considérer comme « véritables » parents biologiques, ou s’il n’existe aucun lien, auquel cas le terme de « simples » géniteurs serait préférable.

Car je pense que la confusion entre le parent et le géniteur n’est pas souhaitable : le lien du sang ne fait pas tout, sauf si l’on considère que tout est inscrit et prédéterminé dans nos gènes, que l’inné est tout et que l’acquis n’est rien. Ce n’est pas mon point de vue.

9 commentaires:

  1. Difficile de commenter ce post... Je suis entièrement d'accord sur le fait que tout n'est pas inné, en revanche, de là à dire que l'inné n'est rien et que les parents bio peuvent n'être que des "géniteurs" ce n'est pas évident...

    Plutot que l'inné, je parlerais "d'anté-né", des choses que l'on peut transmettre à l'enfant pendant la gestation, que ce soit "positif" ou "négatif". C'est pour cela que je trouve la phrase ""le père n'est qu'un géniteur" très dure car de plus en plus de pères, à la naissance (parfois meme avant la grossesse !!!), ont complètement "investi" l'enfant. Cf. les cas qui ont défrayé la chronique il y a quelques temps avec ce gars qui voulait récupérer sa fille biologique dont la mère a accouché sous X. On ne connait pas les détails, mais s'il l'a fait c'est peut-etre qu'il rêvait de cette enfant, pas forcément parce qu'il ne voulait pas que son patrimoine génétique soit élevé par d'autres !!!

    Par ailleurs, il y a des "géniteurs" qui ont transmis des choses à leur enfant meme s'ils l'ont abandonné ensuite, qu'une adoption plénière a été prononcée etc.

    Bref bref pas simple,mais gardons nous de généraliser ce que les détracteurs de l'adoption plaident en sens contraire, non ?

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  2. Je suis contre le fait de considérer tous les géniteurs comme des parents biologiques.

    Je ne considère pas les parents biologiques comme simples géniteurs.
    J'estime que l'emploi même du terme de parent biologique présuppose qu'il y a eu investissement de l'enfant. Et la séparation, l'abandon, n'est pas une raison suffisante pour éliminer le terme de parent biologique, nous sommes d'accord.

    Je lutte contre l'idée que le fait de donner naissance donne forcément le statut de parent de sang, de "vrai" (entre guillemets) parent.

    Je lutte également contre l'idée qu'un géniteur maltraitant, inconnu, non investi (et je répète que le fait de proposer son enfant à l'adoption par exemple n'est pas une discontinuité d'investissement de l'enfant) serait quand même le vrai parent : la justice aurait tranché par une déchéance des droits parentaux, annulant la parenté sociale, et donc le statut de parent (biologique ou pas).
    Merci Mamaucy, tu m'as fait réfléchir à la question... Est-ce clair, ou pas ?

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  3. Les "géniteurs" qui ont transmis des choses à leur enfant même s'ils l'ont abandonné ensuite etc, sont pour moi à considérer comme des parents biologiques.

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  4. Par contre, en cas de naissance par viol ou inceste par exemple, je considère que seul le terme de géniteur doit être d'usage.

    Par ailleurs, le fait d'employer le terme de géniteur n'a pas forcément pour moi une connotation négative de fait : le terme de parent biologique présuppose pour moi un investissement pour le bonheur de l'enfant, à l'inverse du géniteur, où il n'y a pas cette notion d'investissement,soit par manque d'information ou soit par la connaissance d'actes condamnables aux yeux de la justice.

    Est-ce que cela convient (mieux) ?

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  5. [Mon billet était peut être volontairement catégorique,tranché comme l'est dans les mentalités gallo-française l'ancrage des "vrais" parents qui seraient les parents biologiques]

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  6. NB : je n'ai jamais dit que l'inné n'est rien ;
    mais je lutte contre l'idée que l'inné est tout ...

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  7. [Merci encore Mamaucy, car tu m'as véritablement refait réfléchir à la question du post...Et c'est ce que j'attends aussi de ce Blog : faire avancer le débat ! Alors d'accord, ou pas d'accord, vous pouvez réagir...]

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  8. EN + @ Mamaucy : une fan de Voulzy et du tube "aviateur" ne peut qu'être quelqu'un de bien, d'exceptionnel même, évidemment !

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  9. Merci Julien :=) Je n'ai pas regardé mon ordi depuis le post mais ça a cogité sec depuis !
    C'est très clair sur la différence entre "géniteur" et "parent bio", deux termes qu'on confond parfois en effet...
    A bientot et contente de t'avoir fait réagir :=)

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