On sait même qu'il existait des cérémonies rituelles spéciales de "création de filiation", ou encore des rites d'accouchement fictif. Il arrivait que, pour une plus grande authenticité, la parturiente fictive soit vêtue d'une chemise tâchée de sang. Cela ne concernait d'ailleurs pas seulement les femmes : les hommes aussi pouvaient "simuler un accouchement".
Après la conversion à l'orthodoxie de la Rus' en 988, l'adoption prend une tonalité plus idéologique, et l'Eglise prend peu à peu en charge ce qui, naguère, était régulé par le droit coutumier. La morale familiale chrétienne se généralise et l'assistance aux miséreux et aux personnes en souffrance, et en particulier aux enfants, fait partie de la "liste des bonnes actions" du chrétien sincère. Elle est motivée par des convictions religieuses ou morales et elle est considérée comme une action qui plait à Dieu. Un adage d'alors disait : "tu peux te dispenser de prière ou de jeûne, si tu assistes l'orphelin".
En ces temps où l'unité de l'Etat russe n'existait pas, l'assistance aux orphelins était l'affaire des princes, qui pouvaient parfois déléguer cette oeuvre à l'Eglise.
L'adoption ou la mise sous tutelle d'un enfant devenu orphelin étaient alors autant de moyens très concrets existant pour le protéger. L'adoption était donc connue et reconnue dans ces temps où la famille patriarcale incluait sans distinction "les enfants, les esclaves, et les accueillis d'autres familles". Mais avec le temps, le désir de l'adoptant d'avoir un héritier qui prierait pour les âmes du couple sans enfant est de plus en plus fort.
Le système de tutelle sur des mineurs existe cependant depuis presque toujours, et historiquement, la tutelle avait pour dessein la permutation de l'autorité parentale. Mais il faut bien noter qu'à l'origine, la tutelle apparaît plus pour défendre les intérêts de la parentèle de l'orphelin que pour protéger l'enfant dans un élan moral.
Les chroniques rapportent un premier cas de mise sous tutelle en 879.
Après la mort des parents, les tuteurs étaient ceux qui, dans l'organisation familiale, prenaient leur place. Après la mort du prince Igor, c'est sa mère qui devint la tutrice de son fils Sviatoslav. A l'époque, les relations n'étaient que personnelles, et le tuteur ne se préoccupait que de l'éducation et du soin de l'orphelin. Les biens, eux, étaient transmis à la famille entière. Le tuteur n'avait aucune obligation matrimoniale, il n'avait que des droits sur l'enfant, et en usait parfois bien mal.
Vladimir Ier de Kiev
En 996, le prince Vladimir Ier a confié l'organisation de l'assistance publique (qui inclut l'aide aux orphelins) à l'autorité religieuse. Il se préoccupait particulièrement de l'alimentation des orphelins.
Le grand prince Yaroslav (début XIe S) met en place une école pour orphelins, où sont élevés 300 jeunes hommes.
A son tour, le prince Vladimir Monomakh, dans son testament spirituel, appelle à protéger l'orphelin : "plus que tout, n'oubliez pas les indigents, et nourrissez et aidez le plus possible l'orphelin".
[Source : russe, sûre et Bleue comme un ciel éclatant de Brest sans tonnerre...
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