mercredi 13 avril 2011

ADOPTION - Abandon (3) : en toute chose la connaissance et la vérité sont relatives... Gérer l'irrésolu et accepter l'inconnu...




En toute chose la connaissance et la vérité sont relatives, et une part plus ou moins importante d'informations nous échappe et risque de nous échapper toujours.

Je pense à un koan du bouddhisme zen : "Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as".

Je ne dis pas que la quête des origines, que la quête de la vérité sur la séparation d'avec les parents biologiques est inutile et dénuée de sens ou d'intérêt, je dis qu'il est important de faire avec ce que l'on sait  - même si l'on ne sait rien - en faisant au mieux avec, et non pas uniquement et forcément avec ce que l'on ne sait pas. Et quand bien même on sait des choses pas forcément roses ou positives, considérer ces choses pour ce qu'elles sont : des faits, des événements de vie, qui ne déterminent pas forcément le présent et l'avenir, même s'il s'agit de moments douloureux du passé.

Il s'agit d'apprendre à gérer ce qu'il y a à résoudre, l'irrésolu, et accepter la part inévitable d'inconnu.
Accepter la part d'inconnu afin de ne pas s'y perdre, et gérer l'irrésolu en s'investissant à diminuer son importance avec le temps. Sinon on est condamné à vivre dans l'inconnu du passé ou dans les fantasmes sur cet inconnu.  Essayer de vivre dans le présent, s'inscrire dans le présent, c'est important de le souligner.

La seule vraie condamnation pour moi, indépendamment des circonstances d'origine, est de rechercher le bonheur et de se donner les moyens pour atteindre ce but. Evoquer les souffrances et le passé douloureux n'est pas sans intérêt, mais on a tout intérêt à ne pas tout centrer sur ça malgré tout...

Je défends le droit au bonheur contre la condamnation au malheur.

Et il est évidemment plus simple d'accéder à la souffrance et d'y rester, mais ce n'est pas une raison pour ne pas chercher à être heureux, ou pour condamner quiconque au malheur sur des faits d'origine dont la connaissance et la vérité sont toutes relatives et ne déterminent pas complètement le reste de l'existence.

6 commentaires:

  1. joliment dit Julien et comme cette réflexion doit être nourrie de votre expérience, elle est d'autant plus précieuse, comme celle de Cyrulnik d'ailleurs..
    je ne dis pas qu'il faut forcément avoir vécu certaines choses pour avoir un avis, mais cela apporte un autre éclairage..
    en tout cas je suis d'accord avec vous.. être dans le présent me parait essentiel, en tentant de laisser au passé juste sa place, pas plus.. si l'on peut bien sûr,
    et cela vaut pour le principal intéressé, comme pour tous ceux qui vivent avec cette personne (personnel enseignant, médical psy etc. compris)
    amicalement
    Brigitte

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  2. il me plaît, ce post! j'aime bien cette manière positive de voir les choses....
    et ce koan bouddhiste résonne avec la phrase de St Augustin : "Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce que l'on a déjà"

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  3. J'apprécie ce poste, et tout est tellement vrai. En effet ce qui est dit dans le billet est l'idéal, mais aussi difficilement applicable. En particulier quand les dossiers d'adoption sont vides, c est dur de s'appuyer sur "rien" et devoir tout faire reposer sur son vécu ici( post-adoption). D'un autre côté j'apprécie le rappel que l'essentiel c est d'être heureux dans ce qu'on fait au jour le jour, et de se préparer un futur que l'on a envie d'avoir.

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  4. "Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as".
    Ce koan figure dans ma collection de citations préférées.

    Identité, recherche des origines ... vaste débat !

    A lire l'avis de Chani Magog sur Agoravox: "Adoption : la mode est aux retrouvailles."

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  5. Cette idée simplement exprimée, de se consacrer à son bonheur à venir en "faisant avec" le malheur du passé, est certainement difficile à mettre en oeuvre dans beaucoup de situations. Je me place en tant que mère adoptive qui, alors que ma fille a 4 ans, l'aide déjà (enfin, j'espère) à "faire avec" beaucoup de pièces manquantes du puzzle.
    Merci de rappeler ces principes de vie !

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  6. Mon petit gars respire la joie de vivre, le désir de connaitre des choses sur tout, il sera ingénieur en informatique ou plombier...Le quotidien a parfois été difficile quand il a fallu apprendre à se confronter aux autres, à l'école, au groupe...Des amis m'ont alors ouvert les yeux sur un truc inattendu: mais ses problèmes relationnels, tu es sûre qu'il faut toujours les mettre en lien avec les débuts de sa vie, tu es sûre que ce sont des symptômes "abandonniques"...???Et si il était simplement plus précoce que les autres gamins et que ce soit cette précocité qui le fasse se sentir différent? Bingo!
    Et mon fils sait aujourd'hui qu'il est un peu différent des autres parce qu'il est précoce, mais pas parce qu'il a été séparé de sa mère biolologique (à qui il doit-ou à son père biologique dont on ne sait vraiment rien) une intelligence qui lui donne l'opportunité de savoir des choses, de sentir des choses, que les autres ne savent pas encore...
    Il reste un enfant angoissé, mais il sait aussi qu'il a des richesses et des forces qu'il apprendra à canaliser sans toujours se dire: "si je suis comme ça, c'est parce que j'ai été abandonné quand j'étais petit!"
    Si "il est comme ça", c'est pour un tas de raisons, et il est merveilleux "comme ça"!
    La vie est vraiment un grand mystère, qui vous fait des sales coups, mais qui vous fait aussi des cadeaux...
    Et nous, on adore déballer les cadeaux dans la famille!
    Rien ne détermine une existence au malheur, vous avez raison; je ne sais pas ce que la vie nous réservera encore, mais nous avançons en espérant pour chaque jour un peu plus d'amour, un peu plus de paix intérieure, un peu plus de force spirituelle, un peu plus d'aventures, un peu plus de découvertes, un peu plus d'énergie, un peu plus de dépassement, un peu plus d'espérance, ...

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