Francesco Carletti, voyageur florentin de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle, qui fut un des premiers européens à faire le tour du monde, fut à l'origine de l'introduction du chocolat en Italie et de la première adoption internationale coréenne identifiée en Europe, celle d'Antonio Corea, dont il existe un portrait (- Homme portant un Hanbok- aux traits et à la couleur occidentalisés) réalisé par le baroque Pierre Paul Rubens en 1617... Voici quelques détails sur cette histoire unique...
Marchand d’esclaves, marchand d’épices, de soie et de
produits exotiques, Francesco Carletti (1573-1636) regagna la Toscane en 1606, à l’âge de
32 ans, après quinze années de pérégrinations d’un continent à l’autre, des
îles du Cap-Vert à Lima, de Mexico à Nagasaki, en passant par les Moluques,
pour revenir via Macao, Malacca, Goa, la Hollande et la France.
Emprisonné en
Colombie et en Chine, témoin d’une mutinerie sur un bateau au Japon, capturé
par des corsaires hollandais, ce voyageur infatigable et curieux revenait dans
son pays ruiné, mais riche de ce savoir que seul peut acquérir un intelligent
"bourlingueur" au long cours.
Ce marchand florentin prit le départ depuis Séville en 1594,
sans savoir encore qu’il partait pour un voyage de 8 ans autour du monde :
il justifie la prolongation de son périple "en partie par curiosité de
découvrir le monde, et en partie à cause de (son) intérêt pour les
affaires."
Carletti est un des premiers Européens à avoir fait le tour
du monde en tant que passager.
Carletti est également à l’origine de l’introduction du
cacao en Italie en 1606, et fut le premier à casser le monopole espagnol sur le
cacao. Grâce à ses voyages en Amérique Centrale, il avait appris la technique
des Indiens pour préparer la boisson chocolatée à partir des grains de cacao.
Mais ce qui m'intéresse avant tout, c'est son adoption d'Antonio Corea, premier Coréen identifié venu en Europe en 1606.
L'histoire d'Antonio Corea (1578 ?-1626) (rapportée avec précision par Tobias Hübinette, Comforting an Orphaned Nation – Representations
of International Adoption and Adopted Koreans in Korean Popular Culture, Stockholm University Department of
Oriental Languages, 2005, p.50.) revient parfois dans les discussions concernant le sujet de l'adoption internationale d'enfants étrangers par des occidentaux, car il est désigné non seulement comme le premier Coréen venu en Europe, mais également comme le premier adopté Coréen en Europe.
Encore garçon, le futur Antonio Corea était un (parmi des dizaines de milliers) des prisonniers de guerre Coréens déporté au Japon à l'époque des guerres Imjin (1592-1598), puis vendu comme esclave.
Né aux alentours de 1578, Antonio Corea arrive au Japon en 1597 et est acheté par un marchand florentin du nom de Francesco Carletti avec quatre autres garçons coréens.
Carletti les obtint d'abord dans la colonie portugaise de Goa en Inde, où il en libéra ensuite quatre, mais garda Corea, qui avait appris l'italien le plus rapidement.
Le jeune homme Coréen arrive en Europe en 1606, à Florence plus exactement, est converti et baptisé Antonio Corea, provoquant naturellement beaucoup d'émoi, et est supposé être le modèle pour un portrait de Rubens (Cf.supra), qu'il aurait rencontré à Rome.
Finalement, Antonio Corea s'installe, en homme libre, dans la petite ville italienne d'Albi, où il décède en 1626, devenant l'ancêtre de la famille Corea.
Actuellement, les descendants de Corea portant le même nom de famille sont environ 80, et revendiquaient d'être descendants d'un Coréen.
En 1986, un membre de cette famille - prénommé également Antonio Corea comme son ancêtre- écrivit au président de Corée pour dire qu'il était descendant d'un Coréen fait prisonnier pendant la guerre Imjin,qu'il souhaitait visiter la Corée et en connaître plus sur ses racines. Subséquemment, cet homme visita la Corée en 1992 sur invitation du gouvernement Coréen comme invité au 400e anniversaire de la commémoration du début de la guerre Imjin.
En 1990, des descendants d'Antonio Corea visitèrent la Corée et firent un test chromosomique, qui ne mit en évidence aucune trace restante de sang Coréen après presque quatre siècles...
[Sources :
A propos de Francesco Carletti :
...Et de l'histoire du Chocolat :
A propos du portrait de Rubens :
A propos d'Antonio Corea :
>>Tobias HÜBINETTE, Comforting an Orphaned Nation
– Representations of International Adoption and Adopted Koreans in Korean
Popular Culture,
Stockholm University Department of Oriental Languages, 2005, p.50.
>>http://www.ur.umich.edu/9899/Feb22_99/imjin.htm ]
>>http://www.ur.umich.edu/9899/Feb22_99/imjin.htm ]
Andrea Bocelli (in A night in Tuscany) - Con Te Partiro
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