Le Vendredi Saint, qui commémore la crucifixion, pourrait également commémorer l'adoption mutuelle de la mère du Christ et de son disciple bien-aimé...
Jésus, Marie et Jean au Calvaire - Abbaye de Fontfroide (crédit perso)
Avant de mourir sur la croix, Jésus désigne l’apôtre saint Jean (le « disciple bien aimé») comme fils de sa mère, la Vierge Marie, et inversement. Jésus établit l'adoption mutuelle de Jean et Marie au pied de la Croix.
El Greco - Crucifixion ; Musée du Prado (crédit perso)
L’évangile selon saint Jean nous le relate ainsi :
« Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala. Voyant ainsi près d’elle le disciple qu’il aimait [saint Jean], Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère. ». Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui. »*
* Extraits de la Traduction Œcuménique de la Bible ; Paris : 1982.
Au moment de la crucifixion, Jean est alors adulte, et est connu comme le plus jeune des disciples de Jésus ; dans l'iconographie classique, il est représenté visage glabre et chevelure bouclée.
Au moment de mourir, Jésus le confie à Marie, et inversement : il réalise donc une adoption mutuelle, entre mère et fils, et... sans père !
El Greco - Saint Jean l'Evangéliste ; Musée du Prado (crédit perso)
Jean, « le disciple que Jésus aimait », était-il donc déjà adopté par Jésus ? Jésus l'aimait-il plus que les autres, d'affection et de tendresse, du fait de sa jeunesse ?
L'adopté Jésus adoptant à son tour et faisant adopter Jean par sa Mère et inversement...
Jésus assurant à sa Mère Marie (adoptée et oblate) un avenir terrestre avant de s'en aller rejoindre son Père céleste...
Suite à cette adoption, tout ce que l'on sait c'est que Jean « la prend chez lui ». Mais nous n'avons aucun détail en plus. Par contre, on sait que Jean deviendra, au même titre que Paul, un grand théologien de l'Eglise naissante, en écrivant l'Evangile de Jean – l'Evangile préféré des théologiens sans doute – et l'Apocalypse.
J.S.Bach - La Passion selon Saint Jean ("Herr, unser Herrscher")
"Cette question du mariage gay m’intéresse en raison de la réponse qu’y apporte la hiérarchie ecclésiale. Depuis le Ier siècle après Jésus-Christ, le modèle familial, c’est celui de l’Eglise, c’est la Sainte Famille. Mais, examinons la Sainte Famille. Dans la Sainte Famille, le père n’est pas le père : Joseph n’est pas le père de Jésus, le fils n’est pas le fils : Jésus est le fils de Dieu, pas de Joseph. Joseph, lui, n’a jamais fait l’amour avec sa femme.
RépondreSupprimerQuant à la mère, elle est bien la mère mais elle est vierge. La Sainte Famille, c’est ce que Lévis-Strauss appellerait la structure élémentaire de la parenté. Une structure qui rompt complètement avec la généalogie antique, basée jusque-là sur la filiation : la filiation naturelle, la reconnaissance de paternité et l’adoption. Dans la Sainte Famille, on fait l’impasse tout à la fois sur la filiation naturelle et sur la reconnaissance pour ne garder que l’adoption.
L’Eglise, donc, depuis l’Evangile selon saint Luc, pose comme modèle de la famille une structure élémentaire fondée sur l’adoption : il ne s’agit plus d’enfanter mais de se choisir. A tel point que nous ne sommes parents, vous ne serez jamais parents, père et mère, que si vous dites à votre enfant “je t’ai choisi”, “je t’adopte car je t’aime”, “c’est toi que j’ai voulu”. Et réciproquement : l’enfant choisit aussi ses parents parce qu’il les aime.
De sorte que pour moi, la position de l’Eglise sur ce sujet du mariage homosexuel est parfaitement mystérieuse : ce problème est réglé depuis près de deux mille ans. Je conseille à toute la hiérarchie catholique de relire l’Evangile selon saint Luc, ou de se convertir."
Michel Serres
J'aime beaucoup votre blog. Je compte revenir
Merci Aimée!
SupprimerJe reviens très vite pour republier sur ce blog, promis...
Alors revenez...