Vietnam - Des Vietnamiens Amérasiens qui n’ont jamais été adoptés...
Une centaine de milliers d'enfants vietnamiens amérasiens sont nés de soldats américains et de mères vietnamiennes pendant la guerre du Vietnam.
Plusieurs milliers ont pu quitter le Vietnam avant la fin de la guerre en groupes comme lors de l'Operation Babylift, mais des dizaines de milliers sont restés et ont grandi dans un pays dévasté par la guerre. Ils ont souvent dû faire face à la famine et la discrimination des Vietnamiens qui les considéraient comme l'ennemi.
Beaucoup d'entre eux ont été abandonnés dans des orphelinats ou dans les rues, et un nombre disproportionné d’entre eux ont grandi analphabètes, souffrant de problèmes physiques et émotionnels. Beaucoup d'entre eux étaient des enfants de prostituées bien que certains soient issus de vraies histoires d’amour. Beaucoup ont essayé sans succès de retrouver la trace de leurs pères.
Pour faire face à cette situation, le Congrès américain a adopté en 1987 the Amerasian Homecoming Act permettant aux Vietnamiens Amérasiens de venir aux États-Unis avec leurs familles.
Il en résultait que les Vietnamiens Amérasiens - traités avec mépris toute leur vie - devinrent particulièrement précieux pour les Vietnamiens qui cherchaient à quitter le Vietnam, dont beaucoup tentaient alors de le faire par bateau ou autres moyens.
En achetant des Amérasiens provenant d’orphelinats ou de leurs vraies familles, ou en les courtisant et en payant les coûts d'émigration des plus âgés (ce que beaucoup ne pouvaient pas se permettre), des milliers de Vietnamiens trouvèrent un billet pour les États-Unis. Beaucoup d'Amérasiens (probablement la majorité) ont migré avec de « faux » parents ou proches qui les ont souvent abandonnés une fois aux États-Unis.
En raison de la prévalence très répandue de la fraude, les États-Unis ont fermé le programme de réinstallation après que vingt-huit mille Vietnamiens ont immigré. Le programme était sérieusement sous-financé et les problèmes gravement sous-estimés.
Seulement 2 pour cent environ ont trouvé leurs pères américains, et toutes les retrouvailles n’étaient pas heureuses.
Certains Amérasiens ont réussi dans leur nouvel établissement américain, mais beaucoup ne l'ont pas fait. Un exemple de difficultés est celui de Dat Nguyen, qui vit maintenant en Californie. Il a été échangé à dix-neuf au Vietnam à une fausse famille pour un pedicab (= tricycle) d’occasion. Une fois arrivés aux États-Unis, sa fausse famille l'a abandonné. Il était analphabète, capable de parler seulement un peu anglais, et souffrant des effets de la poliomyélite.
Comme Thanh Son Thi Nguyen l’a écrit dans une dissertation de 1994 à l'université de Pittsburgh sur les immigrants amérasiens : « Leurs merveilleux rêves sont tous partis, et les Amérasiens ne pourront jamais dire du fond du cœur: ‘Je suis Américain’ ».
Miss Saigon Olivier Awards 2015 - "I'd Give My Life For You »
[Source : BULLOUGH Vern L. The Vietnamese Who Did Not Get Adopted. in The Praeger Handbook of Adoption. Volume 2. Praeger : Westport (CT), 2006. p.667.]
VOIR AUSSI :
>>> Vietnam - les Bui Doi, poussières de la vie... Sur fond de Miss Butterfly de Saigon et de Straight to Hell des Clash...
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