Vietnam - Des Vietnamiens Amérasiens qui n’ont jamais été adoptés...
Une centaine de milliers d'enfants vietnamiens amérasiens sont nés de soldats américains et de mères vietnamiennes pendant la guerre du Vietnam.
Plusieurs milliers ont pu quitter le Vietnam avant la fin de la guerre en groupes comme lors de l'Operation Babylift, mais des dizaines de milliers sont restés et ont grandi dans un pays dévasté par la guerre. Ils ont souvent dû faire face à la famine et la discrimination des Vietnamiens qui les considéraient comme l'ennemi.
Beaucoup d'entre eux ont été abandonnés dans des orphelinats ou dans les rues, et un nombre disproportionné d’entre eux ont grandi analphabètes, souffrant de problèmes physiques et émotionnels. Beaucoup d'entre eux étaient des enfants de prostituées bien que certains soient issus de vraies histoires d’amour. Beaucoup ont essayé sans succès de retrouver la trace de leurs pères.
Pour faire face à cette situation, le Congrès américain a adopté en 1987 the Amerasian Homecoming Act permettant aux Vietnamiens Amérasiens de venir aux États-Unis avec leurs familles.
Il en résultait que les Vietnamiens Amérasiens - traités avec mépris toute leur vie - devinrent particulièrement précieux pour les Vietnamiens qui cherchaient à quitter le Vietnam, dont beaucoup tentaient alors de le faire par bateau ou autres moyens.
En achetant des Amérasiens provenant d’orphelinats ou de leurs vraies familles, ou en les courtisant et en payant les coûts d'émigration des plus âgés (ce que beaucoup ne pouvaient pas se permettre), des milliers de Vietnamiens trouvèrent un billet pour les États-Unis.Beaucoup d'Amérasiens (probablement la majorité) ont migré avec de « faux » parents ou proches qui les ont souvent abandonnés une fois aux États-Unis.
En raison de la prévalencetrès répandue de la fraude, les États-Unis ont fermé le programme de réinstallation après que vingt-huit mille Vietnamiens ont immigré. Le programme était sérieusement sous-financé et les problèmes gravement sous-estimés.
Seulement 2 pour cent environ ont trouvé leurs pères américains, et toutes les retrouvailles n’étaient pas heureuses.
Certains Amérasiens ont réussi dans leur nouvel établissement américain, mais beaucoup ne l'ont pas fait. Un exemple de difficultés est celui de Dat Nguyen, qui vit maintenant en Californie. Il a été échangé à dix-neuf au Vietnam à une fausse famille pour un pedicab (= tricycle) d’occasion. Une fois arrivés aux États-Unis, sa fausse famille l'a abandonné. Il était analphabète, capable de parler seulement un peu anglais, et souffrant des effets de la poliomyélite.
Comme Thanh Son Thi Nguyen l’a écrit dans une dissertation de 1994 à l'université de Pittsburgh sur les immigrants amérasiens : « Leurs merveilleux rêves sont tous partis, et les Amérasiens ne pourront jamais dire du fond du cœur: ‘Je suis Américain’ ».
Miss Saigon Olivier Awards 2015 - "I'd Give My Life For You »
[Source : BULLOUGH Vern L. The Vietnamese Who Did Not Get Adopted. in The Praeger Handbook of Adoption. Volume 2. Praeger : Westport (CT), 2006. p.667.]
Operation Pedro Pan (1960-1962)- Un exode inédit de plus de 14 000 enfants cubains vers les Etats-Unis sur fond de Guerre Froide...
L’opération Peter Pan (Operación Peter Pan ou Operación Pedro Pan) est une opération coordonnée entre 1960 et 1962 par les États-Unis (notamment par le département d'État des États-Unis et la CIA), l'archidiocèse de Miami, et certains cubains qui consistait à amener à Miami des enfants cubains dont les parents étaient opposés au gouvernement castriste. Plus de 14 000 enfants ont été envoyés depuis Cuba. Avec l'aide de l'archidiocèse de Miami et le père Bryan O. Walsh, les enfants furent placés dans 35 États.
L'un des épisodes les plus étonnants dans le développement initial de l'adoption internationale a été un programme cubano-américain baptisé par la presse à Miami comme l'opération Pedro Pan ou Peter Panpar ses adversaires à La Havane. Comme presque tout divisait les Cubains de Miami et ceux de La Havane, la signification de celle-ci est férocement controversée. Le schéma de base de l'histoire, cependant, n'est pas en litige.
Entre 1960 et 1962, plus de quatorze mille enfants cubains ont été envoyés seuls, sans leurs parents, aux États-Unis dans le cadre d'un programme unique de visas. Après plusieurs faux départs, le programme «visa» a finalement consisté en une simple photocopie de la lettre du père Bryan Walsh, des Catholic Social Services de Miami.
Bien que pratiquement tout ce qui concernait les programmes de visa cubains aux États-Unis pendant cette période était inhabituel - depuis l'amnistie générale en 1966 pour les Cubains aux États-Unis sans papiers aux subventions gouvernementales massives soutenant les migrants cubains (la Floride dans les années 1960 est passée comme ayant un des pires systèmes mal financés de protection sociale dans le pays à l'un des meilleurs) - même par ces normes, le programme de visa pour enfants était extraordinaire.L'écrivain Joan Didion a capté toute la saveur de ce programme en notant sa proximité temporelle avec l'invasion soutenue par la CIA de Cuba : "à une époque où. . . La Brigade 2506 s'entraînait au Guatemala pour l'invasion d'April [la Baie des Cochons], le Département d'Etat des Etats-Unis accordait à un prêtre de Miami, Monseigneur Bryan O. Walsh, l'autorisation d'accorder une exemption de visa à tout enfant cubain âgé de six à seize ans personnes qui souhaitaient entrer aux États-Unis sous la tutelle des diocèses catholiques de Miami. » Radio Swan, une émission de radio gérée par la CIA à partir du Honduras, et des membres du mouvement anti-Castro ont promu des rumeurs à Cuba que Fidel Castro allait emmener les enfants loin de leurs familles, pour les envoyer soit dans des camps russes, soit dans des foyers gouvernementaux loin de leurs parents. '' Madre cubana! '' a commencé une émission le 26 octobre 1960, '' Écoutez ceci. La prochaine loi du gouvernement sera de prendre vos enfants de l'âge de 5 ans à l'âge de 18 ans. . . Mère cubaine, ne les laissez pas prendre votre enfant ! . . . Quand ils vous les rendront, ils seront des monstres matérialistes. Fidel sera converti en la Mère Suprême de Cuba. ''
Le lendemain, la radio de Radio Swan, Noticero para el Caribe, est devenue encore plus mélodramatique: «Mère cubaine, ils peuvent prendre vos vêtements, votre nourriture ou même vous tuer, mais le droit d'élever vos enfants ne peut vous être enlevé. Rappelez-vous qu'il n'y a pas de bête plus féroce qu'une mère défendant son petit. Offrez votre vie à une cause juste comme la nôtre avant que vous ne rendiez votre enfant aux bêtes. » Les membres du mouvement anti-Castro ont imprimé des copies d'une circulaire censée être la nouvelle loi du gouvernement de Castro « nationalisant » les enfants. Les rumeurs allaient bon train, encouragées par la CIA.
Un groupe de cinquante mères de Bayamón aurait signé un pacte promettant de tuer leurs enfants plutôt que de les laisser tomber entre mains communistes. Les rumeurs ont été rapportées dans le magazine Time et même dans des revues savantes comme preuve de la peur du peuple cubain de Castro. Une femme se rappelait une journée à la plage où l'histoire se répandait d'une mère à l'autre, qu'il y avait une camionnette dans le quartier qui ramassait des enfants pour les emmener dans un bateau russe dans le port de La Havane et qu'ils ne retourneraient pas à Cuba sauf comme de la viande en conserve. En quelques semaines, dit-elle, toutes les mères de son voisinage avaient envoyé leurs enfants aux États-Unis
C'était l'ère du «lavage de cerveau», de la guerre psychologique, des expériences de la CIA avec l'hypnose et le LSD, la privation sensorielle et la psychose induite. La notion de «contrôle de l'esprit» colorait à la fois ce que les gens craignaient et ce qu'il était acceptable de faire. Comme l'a souligné la spécialiste María de los Angeles Torres, elle-même enfant de Pedro Pan, l'une des escarmouches mineure mais décisive de la guerre froide a été le sort du cardinal hongrois Mindszenty de Budapest en 1945. Il dénonça l'élimination des écoles catholiques et l'exigence de l'Etat que tous les enfants fréquentent des écoles ayant officiellement nié l'existence de Dieu, en la comparant à l'Allemagne d'Hitler, qui a «éduqué sa jeunesse comme de petits païens». Ils sont rentrés de leurs camps de jeunes pour rire de leurs parents quand ils se sont agenouillés en prière. »Après des semaines de garde à vue par la police secrète de Hongrie, Mindszenty signala son propre aveu, se dénonçant pour corruption. Si cela pouvait arriver à quelqu'un d'aussi franc que Mindszenty, se demandèrent des membres de la communauté naissante de renseignement qui formerait la CIA, que pourrait-il arriver à leurs propres agents - ou, qu'est-ce qu'ils pourraient faire faire aux autres ?
De Los Angeles Torres a elle-même joué un rôle décisif dans notre compréhension historique de l'opération Pedro Pan.
Après des années de déni par la CIA de tout rôle officiel des États-Unis dans la promotion de l'exode des enfants de Cuba, des historiens américains et les enfants de Pedro Pan ont compris que la fuite de Cuba était une simple crainte du lavage de cerveau communiste des enfants vulnérables, avec des efforts "héroïques" de la part de l'Église catholique et de divers individus à Cuba et à Miami, et un "généreux" programme de visa par le Département d'Etat américain.
Deux livres de deux anciens enfants de Pedro Pan, Fleeing Castro de Victor Triay et Operation Pedro Pan d'Yvonne Conde, se souviennent de cet effort dans cette voie. De Los Angeles Torres, cependant, a déposé une Loi couronnée de succès sur l'accès à l'information, en poursuite contre la CIA, exigeant des documents relatifs à Pedro Pan.En raison de l'engagement de l'agence en matière de secret et de classement de tout, elle n'en a pas donné beaucoup, mais elle en a cédé assez. La CIA a été profondément impliquée dans le mouvement anti-Castro sur l'île qui a favorisé les rumeurs, l'agence l'a fait à travers Radio Swan au Honduras, et a été informée du succès de la tentative d'amener des milliers et des milliers d'enfants non accompagnés aux États Unis.
La décision prise par le Département d'Etat en 1962 d'arrêter les vols en provenance de Cuba a fait échouer environ la moitié des enfants aux États-Unis sans leurs parents ou proches parents, et ce que beaucoup avaient imaginé comme une brève séparation de quelques mois est devenue permanente. Et tandis que beaucoup de jeunes gens grandissaient dans des maisons d'accueil aimables et bienveillantes, d'autres étaient élevés dans des orphelinats, dans des camps de réfugiés, dans des foyers pour enfants à problèmes, dans des monastères catholiques.Un scandale à Helena, dans le Montana, impliquant un prêtre qui avait abusé sexuellement un certain nombre d'enfants a été rapidement étouffé. Les opinions diffèrent quant aux objectifs du programme.Wayne Smith, qui a travaillé à l'ambassade américaine à Cuba au cours de cette période, a déclaré à Los Angeles Torres qu'il croyait que le but du programme vacillant de visaset les rumeurs selon lesquelles Castro allait emmener des enfants, était de la propagande : " l'idée était d'effrayer les familles et. . . de renforcer les actions et attitudes anti-gouvernementales. Et c'est aussi une bonne propagande, tous ces enfants sortant, fuyant le communisme sans Dieu parce que le gouvernement cubain pourrait les enlever loin de leurs parents."Torres elle-même pense que le programme avait des origines militaires, permettant aux membres du mouvement anti-Castro sur l'île, et ceux qui s'entraînaient au Guatemala pour l'invasion de la Baie des Cochons, à agir sans crainte de ce qui arriverait à leurs enfants.
Parce que la délivrance de ces visas était télégraphiée au gouvernement de Castro qui était dans le secret, cependant, elle a dû se développer pour englober des groupes toujours plus grands d'enfants pour couvrir leurs traces.
[Sources :
- BRIGGS Laura. Somebody's Children.The Politics of Transracial and Transnational Adoption. Duke University Press. 2012.
Certaines sociétés antiques attachaient une signification militaire à l'acte d'adoption : par exemple, chez les anciens peuples germaniques, des cérémonies militaires avaient lieu au moment de l'adoption, avec des armes placées dans les mains de la personne adoptée.[1]Chez les Gaulois, l'adoption par les armes consistait à armer de pied en cap un jeune homme dans une assemblée publique.[2] L'adopté jurait de défendre la famille adoptive. Le concept de primogéniture - une pratique selon laquelle le fils aîné hérite des biens de sa famille, et à son tour, son fils aîné héritera de lui - était central chez les peuples anglais, germains, et d'autres peuples européens.[1] On trouve, sous les rois de France de la première "race"[NDLR : terme du XIXe S], deux autres sortes d'adoption :[2] l'une qui avait lieu aussi chez les Grecs du Bas-Empire, en recevant les cheveux de l'enfant qu'on adoptait; l'autre, en touchant la barbe de l'adopté ; ce qui était un même symbole.
ADOPTION MILITAIRE (antiquité, moyen âge) [3]
Chez quelques peuples de l’antiquité, quand deux combattants étaient entraînés l’un vers l’autre par une estime réciproque fondée sur des actions d’éclat, ils contractaient fraternité ; alors, les liens qui les unissaient ne pouvaient être brisés que par la mort, ou par l’infamie qui couvre le front de celui qui manque à l’honneur et aux devoirs que sa qualité d’homme guerrier l’appelle à remplir.
David d'Angers. La mort d'Epaminondas. 1811, Musée du Louvre.
L’histoire des nations de l’ancienne Germanie, de la Scandinavie et de la Scythie, rapporte des exemples extraordinaires de courage, de dévouement et d’abnégation produits par l’amitié et la fraternité engendrées au milieu des combats, et qui amenaient l’adoption. Elle s’est chargée de transmettre à la postérité l’éloge de ces barbares qui, pour ne pas se séparer au moment de leur lutte avec les légionnaires romains, terribles par leurs armes, leur discipline et leur courage, s’étaient attachés pour vaincre ou mourir ensemble. Le même sol devait couvrir les braves tombés l’un près de l’autre, ou les porter fiers et menaçants, après la victoire. En Grèce, le bataillon thébain (créé par Epaminondas et Gorgidas) était composé d’hommes liés par une amitié qui ne pouvait s’éteindre qu’à la mort. D’après Polyen, Gorgidas organisa cette troupe d’élite qui était composée d’hommes liés par l’amour le plus tendre au nombre de trois cents.Une tendresse qu’ils avaient les uns pour les autres faisait qu’ils ne s abandonnaient jamais, qu’ils ne prenaient point la fuite et qu’ils étaient résolus de vaincre ou de mourir ensemble. Plutarque rapporte que Philippe, roi de Macédoine, parcourant le champ de bataille après sa victoire de Chéronée, resta pensif pendant quelque temps quand il aperçut ces amis étendus sur le terrain, morts après avoir combattu avec persévérance ; il fut obligé d’admirer ces guerriers qui avaient préféré la perte de la vie à la honte de reculer d’un pas.
Dans le moyen âge, lorsque la bravoure appuyée sur les hauts faits mettait au même niveau deux chevaliers, ils contractaient alliance par les armes. S’aider, se secourir dans le danger, protéger mutuellement leur honneur était leur premier devoir. Mais quand la poudre eut changé l’art de la guerre, quand la prouesse eut reculé devant l’arme à feu, quand le chevalier eut vu son frère d’armes tomber frappé du coup mortel qu’il n’avait pu détourner, et parti peut-être de la main d’un lâche, alors l’adoption militaire disparut. Le premier coup de canon qui retentit sur les champs de bataille fut le signal précurseur de la chute de la chevalerie et de ses lois.
Origines germaniques de la chevalerie [4]
Si chez les Grecs et les Romains monter à cheval pour faire la guerre était rare et réservé à une élite, il n’en était pas de même chez les peuples nomades d’origine germanique ou scandinave.
Étant de nature nomade, le nourrisson fille ou garçon, « Wisigoth », « Ostrogoth », « Vandale », « Alaman », « Alain », « Burgonde », « Lombard » ou encore « Franc » et « Hun » pour ne citer qu’eux, se retrouvait sur le dos d’un cheval avant même de savoir marcher.
Et comme la guerre était l’occupation principale de ces peuples qui se devaient, pour vivre, conquérir sans cesse de nouveaux territoires, le jeune enfant mâle cavalier se retrouvait tout aussi naturellement avec les armes à la main. Il en découle que combattre à cheval était donc la posture naturelle des guerriers de ces peuples de Germanie.
Sevré à l’âge de trois ans, le jeune Germain était confié aux femmes de sa famille jusqu'à l’âge de sept ans.
Passé cet âge, il était alors confié jusqu'à son quatorzième anniversaire, pour son éducation presque essentiellement guerrière, à un père adoptif.
En général, ce père adoptif n’était autre que le frère aîné de sa mère, donc à son oncle maternel.Cette période se nomme « forsterfaeder » ou « fosterage ». Cette période initiatique guerrière dans son appellation porte dans son étymologie même les notions de rudesse et forçage éducatifs auxquels est soumis le futur guerrier germain.
Au terme de cette période le jeune germain allait faire ses preuves d’autonomie et de vaillance en voyageant parmi les nombreuses ethnies germaines.
Lorsque le poil lui était poussé au menton, il revenait alors dans sa tribu pour y subir le rite de la première coupe de barbeou de cheveux et pour y affronter en combat singulier son père adoptif pour que tous puissent voir ses qualités de guerrier.
Chez certain de ces peuples, et en l’occurrence chez les « Francs saliens », il était de coutume chez leurs chefs, de célébrer en plus, par une cérémonie spécifique, la remise très solennelle des armes à un jeune homme en âge de combattre.
Références :
[1] Adamec C. A brief history of adoption in Adamec C, Miller L.C. - The Encyclopedia of Adoption Third Edition. New York, Facts on Files, 2007.
[2] JOHANNEAU E. Adoption (Antiquités). in ENCYCLOPEDIE MODERNE ou BIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE DE TOUTES LES CONNAISSANCES HUMAINES. DUMENIL P., Paris, 1841.
[3] GLAIRE (Abbé). ENCYCLOPEDIE CATHOLIQUE, REPERTOIRE UNIVERSEL ET RAISONNE DES SCIENCES, DES LETTRES, DES ARTS ET DES METIERS,Tome premier. Paris, 1840.
[4] Wikipedia.
Conan The Symphony -Part 4 (Orphans of the Doom/ The Awakening)
Lors de l’élimination de Ceausescu, à la fin de 1989, ce système était en place depuis vingt ans et fonctionnait à plein rendement : l’abandon d’enfants était entré dans les mœurs et fournissait des petites victimes par milliers pour entretenir cet énorme appareil d’orphelinats, devenu le premier employeur du pays avec environ 100 000 salariés. A Bucarest, les ministères se disputaient la tutelle sur les orphelinats, et chacun — la Santé, l’Education, le Travail, les Handicapés — poussé par les syndicats, en voulait sa part et "s’arrachait" cette manne providentielle, revendiquant le droit d’avoir “ses” enfants abandonnés.
A la veille de la “Révolution”, on estime à environ 120 000 le nombre de jeunes prisonniers de cette "machine à broyer des vies d’enfant". Logiquement, la disparition du “génie des Carpates”, en décembre 1989, aurait dû marquer la fin du système. En effet, l’une des premières lois votées par le Parlement roumain en 1990 a abrogé l’obligation de procréer et autorisé l’avortement tandis que, par ailleurs, les télévisions du monde entier avaient révélé les conditions de vie épouvantables des enfants dans les orphelinats, et diffusé des images qui rappelaient des temps abominables que l’on croyait révolus.
Du coup, les ONG du monde entier ont afflué en Roumanie, et un grand élan de solidarité s’est développé en Europe occidentale et aux Etats-Unis pour secourir les enfants des orphelinats. Et pourtant.
Comme un canard décapité qui continue à courir, le système a survécu pendant sept années à la disparition de son fondateur : il faudra attendre 1997 pour que l’ordonnance scélérate de 1970 soit abrogée.
Pendant les années 1990-1997, le système des abandons d’enfants, et de leur enfermement en orphelinats, a en effet continué sans grand changement. Pourquoi ? Trois raisons principales viennent expliquer le maintien de ce système.
D’une part, la misèredue à la transition d’un système collectiviste à une économie libérale s’est en quelque sorte substituée à la contrainte de la loi de 1970 pour provoquer les abandons d’enfants, qui se sont poursuivis au même rythme qu’autrefois (environ 10 000 par an).
D’autre part, les ministères de tutelle des orphelinats et les syndicats des personnels se sont arc-boutés pour garder leurs proies : les abandons d’enfants étaient leur gagne-pain.
Enfin, l’Union européenne, principal bailleur de fonds des ONG, a commis la grave erreur de financer l’aide aux orphelinats sans exiger de la part du gouvernement roumain l’abrogation de l’ordonnance de 1970.
Autrement dit, la manne bruxelloise, qui s’est élevée à plusieurs dizaines de millions d’euros au cours de cette période 1990-1997, a servi non pas à changer le système, mais à l’améliorer. Pas une seule fois, au cours de ces sept années post-révolutionnaires, l’Union européenne n’a subordonné son aide au respect du droit de l’enfant à une famille, pourtant inscrit dans le Préambule de la Déclaration des Nations unies ratifié par la Roumanie dès 1990. Des “bureaux d’études” français, anglais ou belges commissionnés et grassement rémunérés par l’Union européenne, se sont succédé à Bucarest et ont élaboré toutes sortes de rapports sans jamais dénoncer le cœur même du système, à savoir l’abandon des enfants.
Le plus étonnant peut-être est qu’aucune des grandes ONG présentes en Roumanie pendant cette période ne se soit insurgée : elles ont continué à couvrir le drame tant qu’elles ont trouvé des financements communautaires, puis sont parties, les unes après les autres, sur la pointe des pieds pour la plupart, quand les sources de financement se sont taries.
Ainsi, à la fin de 1996, au moment où M. Constantinescu a succédé à M. Iliescu à la présidence de la République, l’ordonnance de 1970 était toujours l’alpha et l’oméga de la “politique de protection de l’enfant” en Roumanie, et les 600 orphelinats de Ceausescu, dont des mouroirs par dizaines regorgeaient d’enfants, fonctionnaient à plein régime avec un effectif global estimé à environ 100 000 enfants.
Le tournant de 1997
Le tournant est survenu les 21 et 22 février 1997, avec la visite officielle rendue par le président Chirac à son homologue roumain. Pendant les deux journées qu’il a passées à Bucarest, M. Chirac n’a cessé de le répéter à ses interlocuteurs : sept années après la disparition de Ceausescu, il est inacceptable que la Roumanie continue à organiser et à encourager l’abandon des enfants, et l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne est inenvisageable tant que ce système honteux perdurera. Le message a été bien compris : quelques jours après la visite de M. Chirac, le Premier ministre roumain, M. Victor Ciobea, a fait entrer au gouvernement un jeune médecin de 28 ans, le docteur Cristian Tabacaru, comme secrétaire d’Etat à la Protection de l’Enfant, avec pour mission de procéder à la réforme tant attendue. Le docteur Tabacaru n’a pas déçu : en quelques mois, il a réussi à changer le système. Sa première décision a consisté à abroger l’ordonnance de 1970 sur laquelle reposait tout l’appareil des orphelinats : tel a été l’objet de l’ordonnance du 12 juin 1997. Dans le même temps, surmontant la résistance acharnée des syndicats de personnel, des politiciens et des ministères, le docteur Tabacaru a réussi à transférer aux Conseils généraux la tutelle sur certains orphelinats : les “leagan” et les “casa de copii”. Il a fallu attendre novembre 1999, et l’intervention de la Commission européenne, pour que les autres orphelinats (“camin spital”, “centres de NPI”, et “écoles spéciales”), soient à leur tour décentralisés, tant la réforme rencontra d’oppositions.
Cette politique de décentralisation fut la clé du changement pour deux raisons principales.
D’une part, l’intérêt des Conseils généraux diverge fondamentalement de celui des ministères : les premiers, par souci d’économies, ont tout avantage à ce qu’il y ait le moins d’enfants possible dans les orphelinats, alors que les seconds cherchent au contraire à en avoir le plus grand nombre pour justifier davantage d’emplois ou de crédits budgétaires ;
d’autre part, les Conseils généraux sont, par définition, plus proches des enfants et des familles que les fonctionnaires des ministères à Bucarest : ils savent ce qui se passe dans les orphelinats et peuvent donc réagir plus rapidement. Du fait de la décentralisation des orphelinats, une nouvelle administration apparut dans le pays, celle des Directions Départementales de la Protection de l’Enfant (D.D.P.E.) : depuis le 1er janvier 1998, chacun des 41 départements de Roumanie est doté d’une D.D.P.E., sur le modèle de nos D.D.A.S.S. Le rôle de ces D.D.P.E. consiste à faire respecter le droit de chaque enfant à une famille, et donc à mener une politique de “désinstitutionnalisation”.
[Source : DE COMBRET François - fondateur de SERA (Solidarité Enfants Roumains Abandonnés)-. Les enfants abandonnés. in 1989 - 2009 20 ans après la Révolution : l’abandon des enfants en Roumanie Article paru dans la revue Humanitaire, Le Quai d'Orsay et l'humanitaire, n°7, printemps/été 2003.]
Une étape importante pour l'adoption est franchie en 1891, et la
parution de la loi "enfants adoptés et légitimés". Ce texte permet
l'adoption d'enfants illégitimes, indépendamment du statut social ou de
la croyance religieuse. Mais ici encore le cadre était strict et
restreint : les adoptants devaient avoir moins de 30 ans et ne pas avoir
d'enfants biologiques.
La notion d'adoption comprenait alors trois
catégories :
La première était l'adoption par vœu. Elle
était considérée comme la plus précieuse, car en général, l'adoptant se
préoccupait du bien-être de l'enfant de façon complètement
désintéressée.
Dans la seconde catégorie entraient les enfants
adoptés par leur nourrice.
La troisième catégorie, l'adoption en
récompense, était considérée comme la moins souhaitable, sans la
moindre valeur morale.
Il est donc évident que dès le début du XXe
siècle, l'adoption n'était pas seulement un moyen de régler des
problèmes de patrimoine, mais aussi une question morale. L'arrivée du pouvoir soviétique a complètement changé la donne.
Après
la révolution de 1917, la jeune république soviétique a dû prendre en
charge un incroyable nombre d'orphelins et d'enfants sans famille, ce
qui se fit dans les orphelinats, qui ont vite été bondés. En 1918, tous
les enfants, quelle que soit leur situation familiale, ont été déclarés
"enfants de l'Etat", donc placés sous la protection de l'Etat. Et
jusqu'à la dissolution de l'URSS plusieurs types d'orphelinats et
d'accueil furent créés, ceci toujours en système collectif : communes
d'enfants, villages d'enfants, camps de pionniers, colonies de travail,
maisons de jeunes komsomols...
Le premier code de la
famille de la période post-révolutionnaire ne faisait aucune mention de
l'adoption en tant que telle. Ceci parce que la question centrale de
transmission de patrimoine était bien sûr devenue obsolète. Cependant,
la nécessité même de l'adoption n'avait pas disparu. Le nombre d'enfants
vagabonds dont les familles avaient disparu grossissait sans arrêt, et
les paysans avaient toujours autant besoin de main d’œuvre. Il devint
absolument nécessaire de remettre à jour l'institution de l'adoption. Un
nouveau code de la famille, paru en 1927, rétablit l'adoption, même si
sur ce point il reste très proche du système de l'ancien régime.
L'adoption d'un enfant par des tuteurs "indignes", c'est-à-dire appartenant aux
"ennemis de classe" est parfaitement impossible. On considérait que les
"éléments ennemis", comme les koulaks, ne pouvaient donner à un enfant
une bonne éducation, tant scolaire que sociale.
L'expérience
s'accumulant en matière d'adoption, l'insuffisance du cadre juridique
devint manifeste. La question de la possibilité d'adoption sans accord
des parents était alors centrale. Elle a été réglée en 1934 par une
circulaire du Commissariat du Peuple à l'Education d'URSS, qui
autorisait une telle adoption, dans le cas où on était sans nouvelles
des parents depuis un an.
Cependant, la forme la plus
courante d'accueil des enfants orphelins restait l'accueil en
institution. Un nombre important d'orphelinats a été créé après la
seconde guerre mondiale. Ils accueillaient plus de 600 000 enfants dont
les parents avaient disparu pendant la guerre.
Et c'est
justement pendant la guerre que les notions de tutelle et de patronat
ont été rétablies, après avoir été supprimées dans les premières années
du régime soviétique. En 1942, 37 490 enfants étaient placés sous le
régime du patronat.
Dans le code du mariage et de la
famille de la République fédérale socialiste soviétique de Russie, paru à
la fin des années 60, toutes les questions liées à l'adoption sont
traitées avec grande précision.
L'orientation a changé : on entend
désormais par "intérêt de l'adopté" l'existence de bonnes conditions
pour son épanouissement et son éducation.
[Source : toujours russe, toujours sûre et a fortiori Bleue comme un ciel follement lumineux de Brest sans tonnerre...большое спасибо ;-))]
C'est au début du XIXe siècle qu'a été mise en place une législation sur l'adoption.
Ce fut tout d'abord un oukaze qui permettait aux nobles sans enfants d'adopter des enfants légitimes de leur famille proche "avec transmission du nom de famille et du blason". A la suite de ce document ont paru une série d'oukases visant à régulariser la mise en pratique de l'adoption, le tout dans un cadre strictement établi.
C'est à ce moment qu'en Russie, outre la tutelle et l'adoption, apparaît une autre forme d'accueil : le "patronat".
Il s'agit du placement en familles d'enfants, de malades et de toute personne nécessitant une attention quotidienne. Une famille accueillant une enfant dans le cadre du patronat était aidée financièrement, la somme dépendant de l'âge de l'enfant : 5 roubles pour un de moins de cinq ans, celui-ci n'étant pas encore en capacité d'aider au travail domestique, et un peu moins lorsqu'il arrivait en âge de pouvoir travailler. Les aides de l'état étaient interrompues aux 14 ans de l'enfant. L'accueillant s'engage à prendre soin de l'enfant, à lui donner une instruction basique et à permettre son développement jusqu'à ce qu'il soit en capacité de se prendre en charge.
Ces exigences étaient parfois inconciliables avec le mode de vie et le niveau d'éducation des familles accueillantes, qui étaient le plus souvent pauvres et peu éduquées, ayant besoin d'un revenu fixe et de main d’œuvre gratuite.
Et même s'il existait un contrôle sur le respect des obligations par l'accueillant, la vie des enfants accueillis en famille sous ce régime était extrêmement pénible et difficile. C'était un statut précaire pour l'enfant, du fait aussi que si la famille accueillante n'en voulait plus, elle pouvait le ramener à l'hospice régional.
Peu à peu, le patronat s'étend aussi à la protection par des familles de personnes sortant de prison, de prostituées, d'adultes nécessitant un suivi et des soins.
Au milieu du XIXe siècle apparurent des dispositions qui permettaient d'adopter des non-orphelins. Mais si les parents de l'enfant étaient vivants, leur consentement était, bien entendu, obligatoire.
Au cours du XIXe siècle, devant le nombre croissant d'enfants seuls abandonnés, un accent est mis sur l'aide et l'information aux femmes et aux mères.
Pavel I publie un oukaze sur le versement d'une aide financière aux mères pauvres, aide qui doit bientôt être interrompue devant l'afflux de demandes. Plusieurs mesures sont cependant prises pour que les enfants restent dans leurs familles, au moins les premières années, et ce particulièrement dans les campagnes.
[Source : toujours russe, toujours sûre et certainement Bleue comme un ciel toujours lumineux de Brest sans marée du siècle...большое спасибо ;-))]
L'historienne Ann Waltner suggère que le terme «adoption» peut se référer à plusieurs pratiques chinoises connexes mais différentes.
La plus courante, et la plus proche de la pratique occidentale, était l'acte juridique qui permettait à un parent proche de sexe masculin dans une famille d'hériter et de prendre la responsabilité des obligations commémoratives rituelles. Parce que les fils adoptifs portaient des obligations graves, les jeunes enfants n'étaient généralement pas considérés comme des candidats acceptables, et l'adoption de nourrissons était assez rare.
Différents termes pour l'adoption faisaient également référence à des accords moins formels, par exemple l'adoption de soldats par leurs généraux ou même par l'empereur.
Dans un cas célèbre, au début du XVIe siècle, l'empereur Wuzong a "adopté" 127 hommes en une seule journée". Son but apparent était de lier plus étroitement leur loyauté en leur conférant un statut quasi-familial.
En bref, l'adoption dans certains cas a été fait de manière légale et dans d'autres cas comme un symbole non contraignant d'affiliation.
Le point-clé est que l'"importance accordée aux notions d'affinité de sang au début de l'Europe moderne n'a pas d'équivalent chinois. "
Les notions confucéennes de patriarcat et de filiation patrilinéaire ont coexisté assez facilement avec les improvisations de la parenté adoptive. Tant que l' héritier mâle adéquat était trouvé, les familles pouvaient envisager l'avenir avec confiance pour la continuité générationnelle. A cet égard au moins, les Chinois ressemblaient aux Romains, pour qui l'adoption fournissait un instrument tout à fait acceptable pour préserver le nom et les biens d'une famille.
Comme les Romains, aussi, les Chinois pratiquaient l'adoption posthume. Si un homme était mort sans descendance pour fournir les offrandes, "un frère assignait généralement un de ses fils à la lignée du défunt . L'adoption était effectuée par la rédaction d'un contrat sur une feuille de papier rouge, qui était ensuite insérée dans la base de la tablette de l'homme mort."
En échange des services commémoratifs qu'il a effectués, le fils adoptif devient éligible pour hériter d'une partie de la succession de l'homme mort. L'objectif principal de l'adoption était "toujours la famille et de la lignée familiale, les hommes de la maison et leurs ancêtres et descendants patrilinéaires." Il semble que ces attitudes en matière d'adoption ont prévalu pendant des siècles.
Selon un expert, l'acquisition d'héritiers désignés (ou « rituels ») peut être tracée des Han ( 202 av - 22 CE ) jusqu'aux Qing (1644-1911), soit une période de plus de 2000 ans. Si la pratique plus récente est un guide pour le passé, il semble que les fils adoptés aient été facilement assimilables dans leurs nouvelles familles et leurs villages. Ceci en dépit du fait que les transactions adoptives impliquaient souvent des hommes et des garçons qui avaient été vendus par leurs parents d'origine. "En considérant la Chine impériale tardive dans son ensemble", Myron Cohen a écrit, "il est bien connu que les hommes, les femmes et les enfants pouvaient être vendus"; ils étaient considérés comme des «marchandises».
Malgré l'acceptation générale de l'adoption, au moins une fois, au début des années 1520, un différend sur l'adoption a menacé de renverser une dynastie.
Empereur Zhengde (Temple Wuzong)
L'épisode , parfois appelée "la Grande Controverse rituelle", a mis à l'épreuve la légitimité de trois générations de la famille impériale. Avant sa mort en 1521, Wuzong sans héritier - le même Wuzong qui a adopté ses soldats - nomma le prince adolescent de Xing, le fils du frère aîné de Wuzong, pour lui succéder comme Shizong. Cependant, après la mort de Wuzong, les officiels de la cour demandèrent à Shizong de prendre le titre de prince héritier, plutôt que celui d'empereur, ce qu'il refusa.
Pour le dire simplement, Shizong insista sur le fait d'être le fils de son père mort, plutôt que le fils de l'empereur défunt. Pour ce faire, il demanda que son père lui ait donné le rang impérial à titre posthume. Trois années de querelles assez amère s'ensuivirent, à l'issue desquelles 230 fonctionnaires sont descendus au palais, cognant sur les portes et exigeant la coopération de Shizong. Au lieu de cela, il fit arrêter 134 d'entre eux, dont dix-sept moururent des suites de leurs peines. Pour sa part, Shizong a régné, sous le nom de règne Jiajing, pendant quarante-cinq ans.
En bref, même dans des cultures qui ont adopté l'adoption plus ou moins complètement - plusieurs anciens empereurs de la Chine ont atteint le trône par l'adoption -, sa pratique a souvent porté le fardeau d'une défiance potentielle.
[Sources : sur demande très motivée à l'auteur...]
La Chine est, avec l'Inde, la civilisation antique qui a laissé le plus de documents en lien avec l'adoption.
Les Analectes de Confucius (environ 500 av.JC) ont codifié les normes patriarcales, patrilinéaires qui vont guider la société chinoise pour les 2500 années suivantes.
Parce que les cultes de vénération des ancêtres étaient même plus importants dans la Chine impériale que dans les sociétés antiques occidentales, la nécessité d'avoir un héritier était ressentie avec un souci particulier.
La combinaison d'une infertilité et de hauts taux de mortalité créait des problèmes connexes de menace sur la survivance du nom de famille et de ses biens.
En plus de cela, un père avait besoin de soins dans sa vieillesse et de respect profond pour lui et ses ancêtres après la mort.
Mencius and his loving mother.
La littérature impériale précoce contient des oppositions à l'adoption. Mencius, par exemple, écrit que "le Paradis donne naissance à des créatures de telle manière qu'elles n'aient qu'une seule racine", et le texte était compris comme approuvant uniquement les lignées biologiques généalogiques.
Beaucoup plus généralement, cependant, le pragmatisme a prévalu ; La Chine a accepté et même encouragé l'adoption pour créer ou re-créer des lignées viables de succession.
Un sens similaire de pratique définissait le pool d'adoptés potentiels : les règles stipulaient que seuls ceux qui avaient le même nom de famille étaient éligibles, mais des violations à ces règles se sont produites en permanence, étant donné que certains hommes élargissaient leur pool de recherche de fils adoptifs appropriés.
[Sources : sur demande très motivée à l'auteur...]
La composition de la population en Mésopotamie au début du deuxième millénaire avant JC était sémitique et sumérienne.
La première dynastie de Babylone a été fondée par des Sémites, mais le peuple représentait un mélange de cultures sémitique et sumérienne.
Des arrangements sophistiqués d'adoptions sont déjà trouvés dans le Code d'Hammourabi (1792-1750 avant JC), qui fournit un support pour intégrer une famille, globalement semblable à une partie du contenu juridique romain. Le code date de la fin du règne d'Hammourabi, apparemment après sa trente-huitième année de règne. Les dispositions décrites montrent une prise de conscience intime de certains des dangers de la création artificielle de liens parentaux.
Un enfant adopté pourrait être traité différemment qu'un enfant naturel, ou l'une des parties (adopté ou adoptant) pourrait s'avérer mal adaptée à l'autre, et la privation maternelle était reconnue comme un danger. Un enfant pourrait persister dans la recherche de son père et de sa mère naturels, et devrait par conséquent leur être restitué. Ces conditions équivalent à un aveu de la réalité que l'enfant et la famille adoptive peuvent ne pas être mutuellement adaptés. Les adoptés sont envisagés comme des petits enfants, et cela marque une différence majeure de la norme romaine. L'adoption d'enfants semble être une rareté à Rome.
Le Code Hammourabi englobe également des règles dures et différentes pour ceux adoptés par des courtisans.
La doctrine romaine ne mentionne jamais la possibilité d'un échec d'adoption, ni rien de comparable à la réglementation sévère pour certains adoptés à Babylone.
Pour résumer, l'adoption à Babylone ne reste valable que si l'adoptant a traité l'enfant de toutes les manières comme le sien. Si l'enfant persiste dans la recherche de son père et sa mère d'origine, il leur est renvoyé. Ainsi, la question de la privation maternelle a été reconnue et traitée. Le seul enfant adoptif qui était puni pour la recherche de sa famille natale était celui adopté par un courtisan, depuis les courtisans ont été empêchés par la loi et parfois par la castration de l'engendrement de leurs propres enfants. L'adoption était considérée comme un honneur insigne, et comme elle représentait un grand bond dans le statut de l'enfant, elle n'était pas réversible :
187 Le fils [adopté] d'une courtisane ou le fils [adopté] d'une prostituée ne doit pas être réclamé ... Si le fils [adopté] d'une courtisane déclare au père qui l'a élevé ou la mère qui l'a élevé "Tu n'es pas mon père" [ou] "Tu n'es pas ma mère", ils doivent lui couper la langue.
Les adoptions de personnes de statut inférieur sont également traitées dans le Code, et il y a par conséquent une discussion sur l'apprentissage et le nourrissage. Les garçons étaient adoptés par des artisans libres pour apprendre et hériter de leur commerce, mais l'adoption était invalide si l'artisan n'avait pas enseigné son métier. En raison de l'âge des enfants adoptés, tout adoptant était susceptible d'avoir besoin d'une nourrice, qui serait en charge de l'enfant pendant deux ou trois ans.
Sa conduite était strictement surveillée et elle était soumise à des sanctions féroces si l'enfant mourrait sous ses soins (ses seins devaient être coupés - article 194 du Code-).
Le recours à l'adoption en Mésopotamie a été considérée comme développée à partir d'une préoccupation initiale de perpétuer la famille et ses rites religieux, vers un stade ultérieur, où des raisons laïques sont clairement importantes. Quoi que l'on pense du modèle évolutif, il existe des preuves de ces préoccupations laïques. Par exemple l'apprentissage d'un métier, la poursuite d'un business, ou l'entretien de personnes âgées peuvent être inclus dans cette catégorie. L'adoption était peut-être encore possible pour un homme qui avait déjà un fils.
Three Nuzi Tablets. Harvard Semitic Museum.
L'anthropologue Elizabeth Stone ajoute une adoption « fictive» à ces types plus traditionnels d'adoptions dans la société mésopotamienne.
Elle était utilisée comme une méthode de transfert de propriété dans des situations où la propriété était théoriquement inaliénable (Cassin [1938] 1-48). Dans ces cas, aucune relation parent-enfant n'est implicite entre les deux parties. Les textes d'adoptions fictives à Nuzi (près de Kirkuk) datent de la moitié du second millénaire avant JC (peut-être entre 1475 et 1350 avant JC : Cassin [1938]). Celles-ci servent à transférer un vrai patrimoine lorsque les champs et les vergers ne peuvent être dispatchés dans un cercle très étroit de proches parents. Certaines personnes ont été «adoptés» jusqu'à 120 fois, ce qui sert à démontrer que ces adoptions ne peuvent pas être adoptions classiques (Cassin [1938],16-17) . Les obligations de fournir de la nourriture et des vêtements à l'adoptant sont inscrites, mais pas l'obligation plus intime de s'occuper des funérailles de l'adoptant (Cassin [1938],37). Encore une fois, à Rome, les obligations précises des adoptés en matière de soutien et de maintenance ne sont pas énumérés dans les sources juridiques, car une grande partie de cela était réglementé au niveau domestique. La Patria Potestas assurait que l'adoptant fût dans une position très forte financièrement.
Stone souligne que l'utilisation d'une relation fictive de cette manière est en soi le signe d'un système en état de siège, et elle semble représenter une évolution dans l'usage de l'adoption, déjà à cette date précoce. Toutes les adoptions créent des relations fictives, mais là il semble que les pratiques traditionnelles servaient à de nouvelles fonctions et à l'accomplissement de nouveaux besoins de la société. Les types d'adoption décrites par Goody, qui sont conçus pour corriger les déficits dans la composition de familles, peuvent être appelées adoptions "familiales", et, en revanche, celles à Nuzi sont principalement motivées par des préoccupations économiques. Celles-ci sont appelées par Elizabeth Stone adoptions "économiques". Néanmoins, les catégories de Goody ont également une dimension économique. La composition et la situation économique de chaque famille auraient eu un impact sur la décision d' aliéner des biens par combine, telle qu'attestée dans les textes de Nuzi.
Des adoptions fictives existaient à Rome dans des conditions très différentes ; l' exemple classique est celui de l'homme politique républicain Clodius, qui utilisait l'adoption pour passer du statut de patricien à celui de plébéien, afin de devenir admissible au tribunat. Aussi bien à Babylone qu'à Rome, dans ces cas, l'adoption servait à donner à l'adopté le statut requis pour atteindre un objectif social identifiable.
[SOURCES : LINDSAY H. Adoption in the Roman World. Cambridge : Cambridge University Press. 2009. CASSIN E.-M. L’adoption à Nuzi. Paris: Adrien-Maisonneuve. 1938. GOODY J.The Development of the Family and Marriage in Europe. Cambridge : Cambridge University Press. 1983. STONE E. C., OWEN D. I.. Adoption in Old Babylonian Nippur and the Archive of Mannum-mešu-lissur. Winona Lake, IN: Eisenbrauns.1991.]