Je m'intéresse donc dans ce billet à cette Cigogne, pourvoyeuse de bébés...
Symbolisme de la Cigogne et Légende alsacienne du Kindelsbrunnen...
Les anciens attribuaient à la
cigogne consacrée à Junon, le don de voyance.
Pendant le siège d’Aquilée,
Attila se servit du vol des cigognes pour remonter ses troupes (le vol des
cigognes présageant d’une destruction facile de la ville selon Attila) et les
mener à la victoire par incendie de la ville.
Considérée comme « immonde »
dans le Lévitique (11 : 13-19), la cigogne est bénie depuis qu’elle aurait
volé autour de la croix du christ en témoignage de sympathie : une légende
chrétienne raconte en effet qu'une cigogne aurait volé autour de Jésus lors de sa
crucifixion, devenant ainsi un symbole de résurrection et par extension de
fertilité.
Les Chinois la vénèrent car elle conduit,
selon eux, l’âme des morts au paradis : c’est ce qui ressort en tout cas
de la tradition de poser devant la maison d’un défunt, vingt et un jours après
le décès, trois grands oiseaux en papier en forme de cigogne.
Emblème de piété filiale, d’amour
paternel et maternel car elle n’abandonne jamais ses vieux parents (on prétend
qu’elle nourrit son père vieillissant) et n’hésite
pas à mourir pour ses petits, elle continue à être attachée à la naissance, le folklore
lui attribuant souvent le rôle d’amener les nouveau-nés, ce qui pourrait n’être pas sans rapport avec ses mœurs d’oiseau
migrateur, son retour correspondant au réveil de la nature. En effet, la cigogne, à l’image de l’hirondelle, amène
avec elle le printemps car elle n’apparaît que lorsque le temps est doux.
On lui prête également le
pouvoir, par son seul regard, d’être cause de la conception.(La cigogne, comme dit la chanson, "elle a les yeux "Rêve-Ovaire", elle a le regard qui pue"... Hum... Désolé pour mon humour carabin...)
On le dit semblablement, en
Chine, du héron.
Le héron blanc est le hiéroglyphe toltèque d’Atzlan, l’Atlantide, l’ile primordiale.
L’opposition
du héron au serpent comme du feu à l’eau se retrouve dans les croyances
populaires du Cambodge : le héron amène la sécheresse ; perché sur la
maison, il en présage l’incendie.
En Extrême-Orient, notamment au
Japon et en Corée, la cigogne se confond aisément avec la grue, et apparaît comme
un symbole d’immortalité.
La légende selon laquelle les cigognes
apportent des bébés remonte aux anciens peuples germaniques. Selon, eux, la cigogne
était la messagère de la déesse Holda,
chargée de réincarner les âmes des défunts dans les nouveau-nés. Dans les
grottes ou à proximité d'un point d'eau, des lutins ramenaient les âmes depuis
les profondeurs de la terre, la déesse les réincarnait en nouveau-nés et la
cigogne était ensuite chargée d'apporter le nouveau-né aux parents qui l'avaient
réclamé.
Cette légende a évolué dans
le folklore alsacien : Sous la
cathédrale de Strasbourg, se trouverait un lac, le Kindelsbrunnen (qui
pourrait se traduire par « puits aux
enfants »).
Dans ce lac, les âmes des enfants
qui attendaient de venir au monde barbotaient et s'amusaient. Sur ce lac, vivait également un gnome qui passait son temps à
naviguer dans une barque argentée. Ce gentil gnome attrapait
l'âme du nouveau-né à l'aide d'un filet d'or et le donnait ensuite à la cigogne
pour qu'elle puisse le déposer à ses parents. Les parents désirant un enfant
doivent d'ailleurs déposer quelques morceaux de sucre sur le rebord de leur
fenêtre afin d'attirer la cigogne.(ça ne marche pas avec l'aspartame par contre...)
Cette légende s'est répandue dans le monde entier, jusqu'en
Extrême-Orient et en Amérique du sud.
L'historique Avion-Cigogne de l'adoption internationale et le regrettable fantasme de l'"Avion-Cigogne"...
A propos de l’adoption internationale des années
70 et 80 en France, on parlait classiquement de naissances à l’aéroport, où "l’enfant
nait du ventre d’un avion" (expression de
Patrick Sébastien dans son poème « Naissance à Orly » écrit en 1983
pour son ami Frédéric Dard, poème qu’il reprenait trente ans plus tard lors de
la soirée ‘Rire conte le racisme’, oubliant qu’en trente ans, les choses
avaient évolué et que ce poème était d’une indélicatesse complète pour sa
propre fille adoptive en premier lieu et les adoptants et adoptés en général…Voir ICI ), et
d’avions-cigognes…
L'avion-cigogne donnant naissance à l'aéroport est une notion séduisante et une métaphore intéressante si l'on se place du point de vue des adoptants ou des parents adoptifs certes, mais pas forcément pour les adoptés
eux-mêmes, ou tout du moins, c'est une vision d'un autre temps :
- il n’est pas noté sur
l'état civil français des adoptés « Né à Orly»
ou « Né à Roissy »
que je sache… A moins que l'on ne soit dans une considération aristotélicienne des enfants arrivant à l'aéroport comme pas plus évolués que des bêtes (Aristote disait en effet : "l'âme des enfants ne diffère pour ainsi dire pas de celle des bêtes", au IVeS av.JC...)
- Et que le Gotcha Day
(anniversaire de l’arrivée) soit pris en considération et soit fêté est une
chose, mais que l’on fasse table rase de l’avant –« naissance à l’aéroport »,
considérant la naissance à l’aéroport comme le début de l’histoire de l’adopté
en est une autre…
D’ailleurs, un avion et une
cigogne ne font pas forcément bon ménage … La preuve en image…
Avion après une collision avec une cigogne...
Et pour ne pas donner l’impression
d’un point de vue personnel sur cette histoire de l’avion-cigogne (vieille de
trente ans…), je reprends à ma sauce ce que la psychologue Françoise Maury écrivait
dans son livre « L’adoption interraciale », en 1999, sur le fantasme
de l’avion-cigogne, comme motivation non recevable d’adopter….
L’expression d’avion-cigogne,
pour désigner le fantasme selon lequel les enfants de l’adoption internationale
arriveraient en France « vierges de tout passé » a été employée pour
la première fois par Chalon en 1981. Dans le fantasme de l'avion-cigogne décrit par Françoise Maury, il y a l’idée d’un enfant
paquet-cadeau apporté par une
bienveillante cigogne, enfant venant de très loin dont on peut faire l’impasse
sur son passé, et dont on ne facilitera pas l’accès aux origines et l’évocation
de l’avant-adoption.
D’où ma crispation éventuelle à l’évocation
de naissances à l'aéroport et d’avions-cigognes (point de vue centré sur les
adoptants – adoptants que je respecte évidemment-, et à l’extrême en
défaveur et déconsidération des adoptés…) Mais tout dépend de comment cela est évoqué bien sûr...
Et la question des origines
chez l’adopté, ça va, ça vient, et ça revient quoiqu’on en pense, qu’on le
veuille ou non… Alors autant la respecter sans la mettre au centre de tout, ni
la nier…
Bien évidemment, je respecte les cigognes du
printemps ou du retour de la paix…
[Références :
- MOZZANI E, Le livre des Superstitions –Mythes, Croyances et Légendes, Paris, Robert
Laffont, 1997, pp.447-448.
- CHEVALIER J, GHEERBRANT A, Dictionnaire
des Symboles, Paris, Robert Laffont, 2004, p.253.
- KOSLOFF N, Pourquoi dit-on que les cigognes apportent les bébés ?,
Vidéo sur Pratiks.com , DOI : http://www.youtube.com/watch?v=I0cc6K_Lxlc
- DENECHERE Y, Des enfants venus de loin- Histoire de l’adoption
internationale en France, Paris, Armand Colin, 2011.
- MAURY F, L’adoption interraciale, Paris, L’Harmattan, 1999.]
Lina Margy- Le retour des cigognes (1945)
Ici on ne parle pas et on a jamais parle d'avion-cigogne mais on a notre cigogne, ce messager du bonheur qui nous appele un soir très tard de sa toute petite voix pour faire de nous des parents de 2 loulous...ils sont nes la- bas d'une maman qu'ils porte dans leur cœur et une cigogne a fait le lien jusqu'a nous. Meme pour eux cette personne est particulière...
RépondreSupprimerCeline
(Maman de 2 trésors de 8 et 4 ans)
Merci pour ce commentaire Céline !
SupprimerJe respecte bien sûr la Cigogne qui sert d'intermédiaire bienveillante faisant lien entre l'avant-adoption et l'adoption elle-même : cette Cigogne (qui n'est pas parturiante par avion utérin...), fertile d'amour, a toute sa place dans l'histoire de l'adoptée, et mérite qu'on la respecte.