jeudi 11 février 2016

Pratiques d'adoption aux temps des Barbares (1) - Adoption Militaire et Fosterage. Généralités...

Certaines sociétés antiques attachaient une signification militaire à l'acte d'adoption : par exemple, chez les anciens peuples germaniques, des cérémonies militaires avaient lieu au moment de l'adoption, avec des armes placées dans les mains de la personne adoptée.[1]Chez les Gaulois, l'adoption par les armes consistait à armer de pied en cap un jeune homme dans une assemblée publique.[2] L'adopté jurait de défendre la famille adoptive. Le concept de primogéniture - une pratique selon laquelle le fils aîné hérite des biens de sa famille, et à son tour, son fils aîné héritera de lui - était central chez les peuples anglais, germains, et d'autres peuples européens.[1]
On trouve, sous les rois de France de la première "race" [NDLR : terme du XIXe S], deux autres sortes d'adoption :[2] l'une qui avait lieu aussi chez les Grecs du Bas-Empire, en recevant les cheveux de l'enfant qu'on adoptait; l'autre, en touchant la barbe de l'adopté ; ce qui était un même symbole.


ADOPTION MILITAIRE (antiquité, moyen âge) [3]


Chez quelques peuples de l’antiquité, quand deux combattants étaient entraînés l’un vers l’autre par une estime réciproque fondée sur des actions d’éclat, ils contractaient fraternité ; alors, les liens qui les unissaient ne pouvaient être brisés que par la mort, ou par l’infamie qui couvre le front de celui qui manque à l’honneur et aux devoirs que sa qualité d’homme guerrier l’appelle à remplir.

David d'Angers. La mort d'Epaminondas. 1811, Musée du Louvre.

L’histoire des nations de l’ancienne Germanie, de la Scandinavie et de la Scythie, rapporte des exemples extraordinaires de courage, de dévouement et d’abnégation produits par l’amitié et la fraternité engendrées au milieu des combats, et qui amenaient l’adoptionElle s’est chargée de transmettre à la postérité l’éloge de ces barbares qui, pour ne pas se séparer au moment de leur lutte avec les légionnaires romains, terribles par leurs armes, leur discipline et leur courage, s’étaient attachés pour vaincre ou mourir ensemble. Le même sol devait couvrir les braves tombés l’un près de l’autre, ou les porter fiers et menaçants, après la victoire.
En Grèce, le bataillon thébain (créé par Epaminondas et Gorgidas) était composé d’hommes liés par une amitié qui ne pouvait s’éteindre qu’à la mortD’après Polyen, Gorgidas organisa cette troupe d’élite qui était composée d’hommes liés par l’amour le plus tendre au nombre de trois cents. Une tendresse qu’ils avaient les uns pour les autres faisait qu’ils ne s abandonnaient jamais, qu’ils ne prenaient point la fuite et qu’ils étaient résolus de vaincre ou de mourir ensemble. Plutarque rapporte que Philippe, roi de Macédoine, parcourant le champ de bataille après sa victoire de Chéronée, resta pensif pendant quelque temps quand il aperçut ces amis étendus sur le terrain, morts après avoir combattu avec persévérance ; il fut obligé d’admirer ces guerriers qui avaient préféré la perte de la vie à la honte de reculer d’un pas. 
Dans le moyen âge, lorsque la bravoure appuyée sur les hauts faits mettait au même niveau deux chevaliers, ils contractaient alliance par les armes. S’aider, se secourir dans le danger, protéger mutuellement leur honneur était leur premier devoir. Mais quand la poudre eut changé l’art de la guerre, quand la prouesse eut reculé devant l’arme à feu, quand le chevalier eut vu son frère d’armes tomber frappé du coup mortel qu’il n’avait pu détourner, et parti peut-être de la main d’un lâche, alors l’adoption militaire disparut. Le premier coup de canon qui retentit sur les champs de bataille fut le signal précurseur de la chute de la chevalerie et de ses lois.

Origines germaniques  de la chevalerie [4]

Si chez les Grecs et les Romains monter à cheval pour faire la guerre était rare et réservé à une élite, il n’en était pas de même chez les peuples nomades d’origine germanique ou scandinave
Étant de nature nomade, le nourrisson fille ou garçon, « Wisigoth », « Ostrogoth », « Vandale », « Alaman », « Alain », « Burgonde », « Lombard » ou encore « Franc » et « Hun » pour ne citer qu’eux, se retrouvait sur le dos d’un cheval avant même de savoir marcher
Et comme la guerre était l’occupation principale de ces peuples qui se devaient, pour vivre, conquérir sans cesse de nouveaux territoires, le jeune enfant mâle cavalier se retrouvait tout aussi naturellement avec les armes à la main. Il en découle que combattre à cheval était donc la posture naturelle des guerriers de ces peuples de Germanie. 
Sevré à l’âge de trois ans, le jeune Germain était confié aux femmes de sa famille jusqu'à l’âge de sept ans. 
Passé cet âge, il était alors confié jusqu'à son quatorzième anniversaire, pour son éducation presque essentiellement guerrière, à un père adoptif. 
En général, ce père adoptif n’était autre que le frère aîné de sa mère, donc à son oncle maternel. Cette période se nomme « forsterfaeder » ou « fosterage ». Cette période initiatique guerrière dans son appellation porte dans son étymologie même les notions de rudesse et forçage éducatifs auxquels est soumis le futur guerrier germain.
Au terme de cette période le jeune germain allait faire ses preuves d’autonomie et de vaillance en voyageant parmi les nombreuses ethnies germaines. 
Lorsque le poil lui était poussé au menton, il revenait alors dans sa tribu pour y subir le rite de la première coupe de barbe ou de cheveux et pour y affronter en combat singulier son père adoptif pour que tous puissent voir ses qualités de guerrier. 
Chez certain de ces peuples, et en l’occurrence chez les « Francs saliens », il était de coutume chez leurs chefs, de célébrer en plus, par une cérémonie spécifique, la remise très solennelle des armes à un jeune homme en âge de combattre. 


Références :
[1] Adamec C. A brief history of adoption in Adamec C, Miller L.C. -  The Encyclopedia of Adoption Third Edition. New York, Facts on Files, 2007.
[2] JOHANNEAU E. Adoption (Antiquités). in ENCYCLOPEDIE MODERNE ou BIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE DE TOUTES LES CONNAISSANCES HUMAINES. DUMENIL P., Paris, 1841.
[3] GLAIRE (Abbé). ENCYCLOPEDIE CATHOLIQUE, REPERTOIRE UNIVERSEL ET RAISONNE DES SCIENCES, DES LETTRES, DES ARTS ET DES METIERS,Tome premier. Paris, 1840.
[4] Wikipedia.

Conan The Symphony -Part 4 (Orphans of the Doom/ The Awakening)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...