mardi 2 juin 2015

Adoption en Russie (6) - XXe siècle - Adoption d'enfants illégitimes, Système collectif d'orphelinats, Adoption dans l'intérêt de l'adopté...

Une étape importante pour l'adoption est franchie en 1891, et la parution de la loi "enfants adoptés et légitimés". Ce texte permet l'adoption d'enfants illégitimes, indépendamment du statut social ou de la croyance religieuse. Mais ici encore le cadre était strict et restreint : les adoptants devaient avoir moins de 30 ans et ne pas avoir d'enfants biologiques.  

La notion d'adoption comprenait alors trois catégories :
  • La première était l'adoption par vœu. Elle était considérée comme la plus précieuse, car en général, l'adoptant se préoccupait du bien-être de l'enfant de façon complètement désintéressée.
  • Dans la seconde catégorie entraient les enfants adoptés par leur nourrice
  • La troisième catégorie, l'adoption en récompense, était considérée comme la moins souhaitable, sans la moindre valeur morale
 Il est donc évident que dès le début du XXe siècle, l'adoption n'était pas seulement un moyen de régler des problèmes de patrimoine, mais aussi une question morale.
L'arrivée du pouvoir soviétique a complètement changé la donne.

Cortège théâtralisé des enfants de l'Assistance Publique, 1918

Après la révolution de 1917, la jeune république soviétique a dû prendre en charge un incroyable nombre d'orphelins et d'enfants sans famille, ce qui se fit dans les orphelinats, qui ont vite été bondés. En 1918, tous les enfants, quelle que soit leur situation familiale, ont été déclarés "enfants de l'Etat", donc placés sous la protection de l'Etat. Et jusqu'à la dissolution de l'URSS plusieurs types d'orphelinats et d'accueil furent créés, ceci toujours en système collectif : communes d'enfants, villages d'enfants, camps de pionniers, colonies de travail, maisons de jeunes komsomols...

Le premier code de la famille de la période post-révolutionnaire ne faisait aucune mention de l'adoption en tant que telle. Ceci parce que la question centrale de transmission de patrimoine était bien sûr devenue obsolète. Cependant, la nécessité même de l'adoption n'avait pas disparu. Le nombre d'enfants vagabonds dont les familles avaient disparu grossissait sans arrêt, et les paysans avaient toujours autant besoin de main d’œuvre. Il devint absolument nécessaire de remettre à jour l'institution de l'adoption. Un nouveau code de la famille, paru en 1927, rétablit l'adoption, même si sur ce point il reste très proche du système de l'ancien régime. L'adoption d'un enfant par des tuteurs "indignes", c'est-à-dire appartenant aux "ennemis de classe" est parfaitement impossible. On considérait que les "éléments ennemis", comme les koulaks, ne pouvaient donner à un enfant une bonne éducation, tant scolaire que sociale.

L'expérience s'accumulant en matière d'adoption, l'insuffisance du cadre juridique devint manifeste. La question de la possibilité d'adoption sans accord des parents était alors centrale.  Elle a été réglée en 1934 par une circulaire du Commissariat du Peuple à l'Education d'URSS, qui autorisait une telle adoption, dans le cas où on était sans nouvelles des parents depuis un an.

Cependant, la forme  la plus courante d'accueil des enfants orphelins restait l'accueil en institution. Un nombre important d'orphelinats a été créé après la seconde guerre mondiale. Ils accueillaient plus de 600 000 enfants dont les parents avaient disparu pendant la guerre.

Et c'est justement pendant la guerre que les notions de tutelle et de patronat ont été rétablies, après avoir été supprimées dans les premières années du régime soviétique. En 1942, 37 490 enfants étaient placés sous le régime du patronat.

Dans le code du mariage et de la famille de la République fédérale socialiste soviétique de Russie, paru à la fin des années 60, toutes les questions liées à l'adoption sont traitées avec grande précision.
L'orientation a changé : on entend désormais par "intérêt de l'adopté" l'existence de bonnes conditions pour son épanouissement et son éducation.

[Source : toujours russe, toujours sûre et a fortiori Bleue comme un ciel follement lumineux de Brest sans tonnerre... большое спасибо ;-))]






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