vendredi 22 juin 2012

Adoption dans le droit romain (4) - Buts de l'adoption dans la société romaine... Notions sur les adoptants, les adoptés et les enfants abandonnés...


  •  BUTS DE L'ADOPTION DANS LA SOCIÉTÉ ROMAINE
Bien qu'il existe des exemples dans la société romaine de personnes ayant adopté un enfant par bonté, plusieurs auteurs ont noté que l'adoption dans le droit romain prêtait peu d'attention aux intérêts ou au bien-être de la personne adoptée. 

L'adoption était fréquemment utilisée pour éviter l'extinction d'une famille, pour exprimer une loyauté ou une affection politique ou, dans le cas des empereurs, comme un moyen d'être assuré d' avoir un successeur choisi. Des motivations religieuses, comme le culte des ancêtres, semblent également avoir joué un rôle important.

Patricien avec bustes de ces ancêtres.
Brutus Barberini, Rome, Mus. Capitolins
  •  NOTIONS SUR LES ADOPTANTS
Comme dans d'autres lois antiques (comme en Mésopotamie, en Inde ou en Grèce), le droit romain avait établi des directives spécifiques concernant les personnes qui étaient autorisées à adopter.

Par exemple, une personne ne pouvait pas adopter une personne plus âgée, vu que l'adoption était censée imiter la nature, et il était considéré comme contre-nature pour un fils d'être plus âgé que son père.

Toute personne qui souhaitait adopter ou adroger un fils devait être âgée de 60 ans ou plus, et avoir au moins dix-huit ans de plus que la personne qu'elle souhaitait adopter. 

Les femmes n'étaient généralement pas autorisés à adopter, sauf si elles avaient reçu une autorisation spéciale de l'empereur, les femmes n'ayant pas de potestas sur d'autres personnes libres. 

En général, il était recommandé que les futurs parents adoptifs soient sans enfants.

  • NOTIONS SUR LES ADOPTES
Le droit romain contenait également des directives relatives à la personne adoptée.

L'adrogation de personnes mineures n'était autorisée que dans des circonstances exceptionnelles. Initialement, seuls les fils pouvaient être adrogés bien que, sous Justinien, l'adrogation était étendue et possible pour des filles. 

Le mariage entre l'adopté et ceux qui étaient devenus apparentés - comme ascendants ou descendants - à travers l'adoption était interdite, comme c'était le cas pour les mariages entre frères et sœurs adoptifs, sauf si l'un ou l'autre avait été émancipé du contrat d'adoption.


  •  NOTIONS SUR LES ENFANTS ABANDONNES
Le fait que l'abandon d'enfants continue d'être répandu aux IIe et IIIe siècles après JC montre à quel point le concept moderne de responsabilités et de droits parentaux diffère de celui des Romains. 

Le droit romain n'exigeait pas que les parents gardent leurs enfants biologiques, et l'abandon et même l'infanticide n'étaient pas punissables car le pouvoir du père (patria potestas) sur les membres directs de sa famille ainsi que sur ses esclaves était absolu (droit de vie et de mort). 

En outre, jusqu'à un édit de Constantin en 331 après JC, les parents pouvaient récupérer un enfant qu'ils avaient déjà abandonné tant qu'ils donnaient une compensation à la personne qui avait élevé l'enfant en leur absence. 

Le fait que les enfants trouvés pouvaient être réclamés par leurs parents biologiques peut avoir été l'une des raisons pour lesquelles ils étaient rarement adoptés.

[Source : United Nations Department of Economic and Social Affairs/Population Division, Child adoption : Trends and Policies, New York, United Nations, 2010.]


VOIR AUSSI :

>>> Adoption dans le droit romain (1) – Octave, l’Auguste fils adoptif de César, et la Tradition d’adoption du successeur impérial parmi les empereurs Julio-Claudiens et Antonins…




Phoenix - Rome

4 commentaires:

  1. Marcus Junius Brutus Caepio ne fut-il pas le fils adoptif de J.César ? Peu de reconnaissance :"Toi aussi mon fils ?"

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    1. Oui,Jeanmi : il n'y avait pas de reconnaissance officielle comme fils adoptif de Brutus même ab intestat (alors qu'Octave l'était testamentairement): Brutus était un fils de la famille.
      Filius en latin peut désigner un fils légitime, mais également un enfant de la famille. Le même 'Fils' qu'un Marseillais pourrait dire populairement à un garçon qu'il connait de puis longtemps : "Et fils !"...

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  2. Cher Julien, cela fait bien longtemps que je ne suis pas passée ici... Pourtant je vois les titres se succéder à un rythme effrené, mais comme tes écrits sont passionnants et que je veux m'y consacrer avec concentration, ce n'est pas compatible avec ma vie quotidienne. Alors une promesse : je m'imprime tout ça, j'emmène le pavé sur la plage, et retour fin aout sur tes ondes pour un énoooorme commentaire groupé, d'ac ?
    merci en tous cas pour tout ce que tu fais pour décortiquer l'adoption et la remettre dans un contexte historique long.
    A bientot
    Mamaucy

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    1. Excellentes vacances sur la plage, chère Mamaucy et à bientôt donc !

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