lundi 3 octobre 2011

Qui sont les "vrais" parents de l'enfant adopté ? (2)... Ma réponse psycho-anthropo-adoptio-logique...


Chose promise, chose dûe...
[Vous pouvez toujours donner librement votre avis sur la question en cliquant sur le lien suivant :
http://cultures-et-chabada.blogspot.com/2011/09/qui-sont-les-vrais-parents-de-lenfant.html ]

Je vous rassure d'emblée :
 Ne prenez pas peur suite à la lecture du titre de ce billet... Pour cette réponse, je vais la faire courte, simple et "réductrice", en définissant volontairement très succinctement mes trois critères de "vraie" parenté, dans l'idéal, mais en gardant les pieds sur terre si possible...;-)
 Vos commentaires sont évidemment les bienvenus.


Pour moi, les "vrais" parents de l'enfant adopté sont ceux qui peuvent être considérés à la fois comme ses parents dans sa réalité (les parents de la réalité), dans sa société de vie (les parents sociaux, légalement ou de facto), et les parents que l'adopté aura adoptés comme tels (les parents adoptés -par l'adopté-). D'ailleurs, la même définition peut s'appliquer à un enfant biologique.

1/ Les "vrais" parents de l'adopté sont les parents de la réalité :
J'emprunte ce très beau terme au psychanalyste Nazir Hamad, qui différencie géniteurs et parents, et qui considère que les parents de l'enfant adopté sont les parents de la réalité.
Ces parents de la réalité sont ceux qui aiment, qui éduquent, donnent des valeurs, soignent, bercent, nourrissent, sont là quand ça va bien et quand ça va mal, etc.
Ce ne sont pas des parents imaginaires, fantasmés, ou à distance.

2/ Les "vrais" parents de l'adopté sont les parents sociaux :
Les anthropologues le savent depuis longtemps : les parents sont ceux qui sont socialement reconnus par la société dans laquelle vit l'enfant et ses parents : la reconnaissance est soit légale, soit de facto, c'est-à-dire que les parents ne font pas l'objet d'une illégitimité par illégalité ou par rejet social. Les parents sociaux sont ceux qui pourvoient aux besoins de l'enfant, qui donnent un cadre social, des repères, des valeurs, pour permettre à l'enfant de vivre librement et convenablement dans sa société de vie.

3/ Les "vrais" parents de l'adopté sont les parents adoptés par l'adopté lui-même : 
L'adoption doit être mutuelle pour être réussie. L'adopté doit aussi adopter ses parents pour que ceux-ci soient reconnus comme ses "vrais" parents...

Au total, donc :

("Vrais")Parents de l'adopté = Parents de la réalité + Parents sociaux + Parents adoptés

NB : j'ai gardé le terme "vrais" entre guillemets pour préciser ce dont on parle, mais ce terme de "vrais" pour parler des parents est finalement superflu et peut être mis entre parenthèses...

13 commentaires:

  1. bonjour Julien,
    juste une remarque : je n'aime pas du tout le terme de "géniteur" pour désigner les parents biologiques/de naissance..je me suis d'ailleurs "disputée" avec l'AS pour mon deuxième agrément à ce sujet là.. je ne peux réduire les parents de naissance de ma fille à des géniteurs... ils ont été ses parents un temps... et ses vrais parents.
    Ma fille a eu plusieurs vrais parents qui se sont passé le relais.... aujourd'hui aucun doute je suis sa mère, mais sa mère de naissance qui l'a désirée portée et nourrie avant de décéder, mérite d'être reconnue à sa juste place aussi. Idem pour son père qui l'a porté à bout de bras seul pendant plusieurs mois avant de déclarer forfait... il n'est plus son papa mais il est beaucoup plus qu'un simple géniteur... (en plus ça fait un peu élevage bovin géniteur)...
    sinon pour le reste tout à fait d'accord.
    bonne journée
    Brigitte

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  2. @ Brigitte : Merci pour votre commentaire !
    Oui, certains géniteurs peuvent être considérés comme parents de naissance ou parents biologiques, nous sommes bien d'accord.
    Mais je lutte contre l'idée que tous les géniteurs puissent être considérés comme des parents. Tout est affaire de cas particuliers.
    Et il est clair que le terme de "géniteur" dans le cas de votre fille puisse être abandonné au profit de parent de naissance ou parent biologique. Mais il est d'autres histoires d'adoptions où le terme de géniteur est plus envisageable que celui de parent...

    Si vous le souhaitez,vous pouvez lire mon avis sur cette question en cliquant sur le lien suivant (en lisant les commentaires également) :
    Des géniteurs, des parents ou les deux ?

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  3. 1) Un peu de mal aussi avec le terme géniteur, et avec l'idée que les géniteurs peuvent ne pas être parents (sauf en cas de maltraitance avérée, où ça me paraît un peu plus facile à dissocier).
    Quand on ne sait rien du pourquoi et du comment de la séparation, ça me paraît un peu arbitraire de séparer les notions de parents et de géniteurs.
    D'ailleurs l'étymologie du mot "parent" est "parere", engendrer, donner naissance.
    Je trouve la séparation parents-géniteurs un peu artificielle, construction psy pour la circonstance (adoption), comme celle parfois lue entre "maman et mère" (c'est personnel, je ne le sens pas comme ça, c'est tout...y'a plein de trucs "psy" que je sens par ailleurs très bien)
    Comme si ça gênait qu'il y est deux mères, deux pères, ça crée une compétition, une confusion???

    2) Pas persuadée qu'il faille tenir compte du point de vue de l'enfant ou de l'ado ("t'es pas ma mère") à un temps donné; l'adulte peut (ou doit) avoir sa propre perception des choses, différente de celle de l'enfant.
    On peut se sentir parent et ne pas être reconnu comme tel à un moment donné.

    3) la loi, c'est la partie la plus simple, finalement, et la moins discutable; d'où son interêt...

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  4. j'en rajoute une petite couche qui me vient à l'idée... quand j'explique les grands mythes de la création à mes élèves de 6è, ils démarrent toujours par "c'est pas vrai que Dieu a crée le monde en 7 jours", et toute la subtilité de l'affaire c'est de leur faire comprendre qu'il peut y avoir plusieurs vérités dans des domaines différents (religion et sciences en l'occurrence).
    C'est tellement vrai (pour un croyant) ce qui est dit sur l'Homme dans ces textes fondateurs, ce qui n'empêche d'être physicien ou biologiste convaincu de la théorie du big-bang ou de l'évolution des espèces.
    On a là deux vérités qui se juxtaposent sans s'éliminer l'une l'autre.

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  5. Anne (en réponse à ton commentaire en 3 points, sans le rajout cosmogonique et mythologique auquel je répondrai à part):
    Merci Anne pour ce commentaire très intéressant structuré et qui m’amène à cogiter et re-préciser ma pensée. (Attention, Julien ChAbAdA reprend un peu la plume… ;-))

    1) La distinction géniteur/parent n’est pas psychologique uniquement, mais également sociologique et anthropologique. Le fait de donner naissance n’équivaut pas au statut de parent. La reconnaissance de l’enfant n’est pas biologique de fait, mais sociale de fait.
    Il existe même des sociétés où la notion de père n’existe pas : c’est le cas pour les sociétés matrilinéaires à l’extrême, où seul le sang menstruel conçoit l’enfant, le sperme n’étant qu’une nourriture de ce sang, et où les frères de la mère-génitrice (les oncles de l’enfant – en latin avunculus -) ont autorité sur l’enfant (autorité avunculaire), pas le géniteur. Le terme de géniteur en soi n’a rien ici de psychologique ou de péjoratif : il définit un homme qui a donné ses gamètes mais n’a pas d’existence sociale ou d’autorité parentale sur l’enfant. Un parent biologique est géniteur mais ne remplit ou n’a pas forcément rempli de fonction parentale, de parentalité, et n’exerce pas d’autorité parentale sur l’enfant.
    A l’inverse, il existe des sociétés où l’enfant a plusieurs pères : c’est le cas dans pas mal de sociétés d’Océanie, et d’Afrique Subsaharienne. Dans certaines ethnies d’Afrique noire, le père de l’enfant désigne à la fois le père-géniteur et les frères du père, voire même les cousins paternels. On dépasse donc le simple père-géniteur de la logique de généalogie biologique et de familles nucléaires… Et personnellement, cela ne me dérange pas qu’il y ait plusieurs pères ou plusieurs mères, tout comme toi. Et pas de généralisation évidemment...

    2) Je n’ai pas dit « enfant » ou « ado » adopté , mais volontairement adopté (tout court), sans précision d’âge (ce qui inclut donc un « adulte » adopté). Je pense qu’il faut respecter le point de vue de l’adopté, et ne pas lui imposer soit une maman et/ou un papa de naissance, soit un géniteur et/ou une génitrice simple, mais laisser la porte ouverte. Mais tout est affaire de cas particulier d’une part, et d’âge d’autre part évidemment…
    Peut-être que les parents adoptifs et l’adopté (son point de vue peut évoluer selon les époques de sa vie) auront le même point de vue sur les parents d’origine, mais pas forcément.
    Dans l’idée d’adoption des parents par l’adopté, je véhicule l’idée que tout n’est pas joué d’avance (le tout biologique, et les « vrais » parents biologiques… Si l’adopté n’a pas adopté ses géniteurs comme parents biologiques…), et que tout n’est pas gagné d’avance (un adopté peut aussi rejeter ses parents adoptifs ou biologiques…).

    3) Là, je botte en touche, car je ne suis pas juriste (ni rugbyman d'ailleurs...), et je ne suis pas sûr que ce soit la partie la plus simple en matière d’adoption ;-)…(je la préfère plénière…menfin…) et encore moins la moins discutable… ;-))

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  6. @ Anne -en réponse à ta petite couche rajoutée -(Réponse de Julien ChAbAdA 2… Le retour !… Quelle belle saga tu me proposes là…;-)) :

    De la cosmogonie en 6e, alors là, chapeau bas… J’adore !
    On pourrait certainement en débattre pendant de longues heures intéressantes et passionnées, mais je vais encore une fois essayer de faire court… (ce n’est pas gagné d’avance avec moi de faire court, menfin, je tente…)
    Pour les puristes de la théorie du big-bang, fussent-ils remontés au temps de Planck à T0+(10Exp –43) secondes du Big-Bang, quand bien même ils réussiraient la prouesse de remonter à T0, ils ne démontrerait pas l’impossibilité d’existence antérieure à ce T0. De là à dire si l’homme s’inscrit dans un temps linéaire (comme c’est le cas pour les religions du Livre… Un commencement, une fin…) ou cyclique (comme c’est le cas pour les religions orientales comme l’hindouisme et le bouddhisme, avec le samsara…)...
    En matière de religions, qu’il existe un ou des Dieux, la manière humaine d’interpréter la Parole de Dieu (pour les religions abrahamaniques), la Loi du monde(pour l’hindouisme), et de l’appliquer est humaine…
    Je suis entièrement d’accord avec toi sur des vérités (relatives) plus que sur une seule vérité absolue. Plus qu’une vision créationniste de la cosmogonie, voyons-y une approche symbolique, qui laisse le champ ouvert à interprétations.
    Nous pouvons être de religions différentes, et être d’accord sur le fait de ne pas être d’accord.
    Des hommes peuvent suivre des chemins de sagesse sans partir des mêmes bases, et sans détruire les chemins des autres…

    En tout cas, chère Anne, tu es toujours la bienvenue pour commenter sur ce blog !

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  7. Le psy qui suit mes enfants a parler de maman de sang et de maman de cœur. La nourrice coréenne est également une maman de cœur. Quand mon fils m'a demandé, dans le rayon dentifrice d'un supermarché, si j'étais sa vraie maman, je lui ai dit que oui. Car j'étais là tout le temps pour jouer, le nourrir, le soigner et le gronder et l'aimer. Et que de toutes façons les "fausses" mamans ça n'existe pas. Que sa maman de sang n'avait pas pu s'occuper de lui. Que j'étais sa maman de cœur et surtout la dernière.
    mp

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  8. Merci Julien une fois encore pour ces réflexions, justes, précises et intelligentes, qui nous font réfléchir...
    Je m'excuse, je n'avais pas pris le temps de commenter ton premier post sur les vrais et faux parents.
    Pour l'instant je ne suis toujours pas très à l'aise sur comment appeler la mère biologique de ma fille (maman de Chine, dame de Chine, la dame qui t'as eu dans son ventre, etc... en tout cas je ne pense sincèrement jamais à elle comme à sa génitrice franchement !! ...et ne l'ai jamais prononcé devant elle comme ça, c'est vrai que c'est moche même si cela peut être très approprié dans certains cas) mais pour elle, du haut de ses 4 ans, pour l'instant une chose est claire, c'est moi sa maman, la vraie, la seule, et ça ne peut pas être la dame de Chine car dixit l'intéressée "une maman ça fait des câlins".
    Je suis tout à fait d'accord avec Anne : il peut y voir plusieurs vérités pour une même situation, le tout est d'en trouver une qui nous convienne...
    En tout cas, je ne vois pas la nécessité d'opposer les vrais aux faux parents, ou les parents biologiques/adoptifs, il y a des gens qui ont des enfants biologiques et pas la possibilité de s'en occuper et de les élever, et d'autres qui voudraient cela et la nature le leur refuse.
    Voilà ce que j'explique à ma fille : elle est une petite coquine qui s'était cachée dans le ventre d'une dame tout là-bas en Chine, mais la patience et la persévérance que nous avons eu avec son papa ont fait qu'on l'a quand même trouvée ! Depuis on forme une vraie famille tous les 3 et voilà...
    Virginie, maman d'Anaïs (4 ans)

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  9. je rebondis vite fait sur le post de Virginie : effectivement, personne ne va parler à son enfant de sa génitrice et de son géniteur, c'est impossible, non?
    par contre ça aide à réfléchir sur la notion de parentalité, même si nous, "vraies" maman sur le terrain, on se débrouille comme on peut ou comme on sent, en évitant de dire trop de bêtises si possible...

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  10. Anne on est bien d'accord mais j'ai déjà rencontré des parents adoptifs qui m'ont dit à côté de leur enfant (soit petit mais présent) que ses parents biologiques n'étaient "que des géniteurs, et rien d'autre" (qqchose dans ce genre là), ce qui m'avait choquée alors que je n'étais pas encore du tout concernée par l'adoption !
    Je crois que je n'ai jamais prononcé cela devant ma fille, juste par ce que ce n'est pas du tout dans ces termes là que je pense à sa mère biologique et donc encore moins que j'en parle !
    Amicalement
    Virginie, maman adoptive qui essaie aussi de ne pas dire trop de bêtises...

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  11. ouah, Virginie, j'imaginais pas ça possible de dire (ou de penser) des choses pareilles (mais je suis une grande naïve....)
    ça me rappelle le coup de "la pommes pourrie dans les bonnes pommes" de la BD Couleur Miel; ça m'a marqué!

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  12. Ah ce mot de "vrai" qu'est ce qu'il peut en faire couler de l'encre !
    Pour donner mon avis sur le sujet : je parle uniquement de "mère de naissance" et de "maman" (pour ne parler que du côté MOTHER de la chose LOL).
    Ma mère de naissance est celle (et donc par là l'unique) qui m'a mise au monde. Il ne peut y en avoir 2, de fait ! Elle reste une mère pour moi cependant et c'est la place que je souhaite lui laisser.
    Elle a donc passé le relais à une femme qui est et restera ma "maman". Cette femme avec qui j'ai des souvenirs conscients et qui a pris soin de moi comme l'aurait voulu cette mère. Le mot "maman" pour moi est rempli d'affect et c'est la grosse différence avec "mère". Pourtant elles ont leur place toutes les 2 dans mon coeur
    Julia

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  13. Le droit ne parle pas de la parentalité, ne connait pas ce mot...Il régit la filiation.
    La filiation est une pure construction, qui permet à un enfant d'entrer dans une famille et donc une généalogie.
    L'enfant vient toujours au monde de manière biologique! Et c'est toujours par construction que le petit nouveau est déclaré fils ou fille de...

    Nicolas quand il avait 8 ans m'a dit (au super marché dans le rayon dentifrice, ou presque):
    -toi, tu es ma fausse maman.
    -c'est quoi une fausse maman ?(j'ai presque les larmes aux yeux et le souffle coupé, mais je tente de rester la plus naturelle...)
    -la maman qui m'a pas porté dans son ventre; c'est la maman à qui je pense quand je ferme les yeux et alors je vois de la douceur et des calins...
    -quel bonheur d'être cette maman là, mon fils.
    On a fait un calin pour fêter ce moment de complicité et d'amour.

    Comme quoi, le vrai, le faux... Ce qui compte, c'est ce qu'on voit quand on ferme les yeux et qu'on s'abandonne à la confiance et à l'amour.

    Dominique

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