Une connaissance rudimentaire du confucianisme et de la
société chinoise pourrait conduire à supposer que l'adoption, en particulier
l'adoption en dehors de proches lignées de sang, est susceptible d'être inhabituelle
et intimement interdite du fait de l’accent confucéen mis sur les liens du
sang.
La loi chinoise traditionnelle interdisait l’adoption entre différentes lignées patronymiques, et les textes normatifs étaient de manière générale contre l'adoption.
La loi chinoise traditionnelle interdisait l’adoption entre différentes lignées patronymiques, et les textes normatifs étaient de manière générale contre l'adoption.
Mais dans la réalité, il existe une tradition ancienne de différentes
pratiques communes d'adoption en Chine, bien que certains chercheurs aient
suggéré que l'adoption a diminué dans le milieu du XXe siècle. [L'étude
anthropologique de référence de l'adoption dans la société chinoise est celle de Wolf
et Huang (1980). Une autre étude importante sur l’adoption en Chine est celle
de l’historienne Waltner (1990)]
Un certain nombre de sources dans le confucianisme et dans la culture populaire soutiennent des liens adoptifs autant à l’extérieur qu’à l'intérieur de lignées de sang, et s'appuient sur l'adoption - aussi bien des garçons que des filles - comme un moyen pour construire une famille et une parenté.
Un certain nombre de sources dans le confucianisme et dans la culture populaire soutiennent des liens adoptifs autant à l’extérieur qu’à l'intérieur de lignées de sang, et s'appuient sur l'adoption - aussi bien des garçons que des filles - comme un moyen pour construire une famille et une parenté.
Ann Waltner a écrit, dans la conclusion de son étude sur
l’adoption et la parenté dans la Chine sous les dynasties Ming (1368-1644) et
Qing (1644-1912) :
Law and other normative texts, viewing the
family as a patrilineal and patriarchal institution with a primary obligation
to continue ancestral sacrifices, prohibited adoption across surname lines.[. .
.] But adoption across surname lines was nonetheless relatively prevalent. And
furthermore, the practice was accompanied by an ideological structure that described
and justified adoption across surname lines. This competing ideology,
encapsulated in the term ming-ling tzu,
suggests that the lines dividing outsider from insider, stranger from kinsman
could in fact be crossed.
[Waltner, Ann. 1990. Getting an Heir: Adoption
and the Construction of Kinship in Late Imperial China. Honolulu: University of
Hawaii Press.p.144]
Une croyance populaire chinoise, appelée Mingling
zi (littéralement : enfant de la chenille du mûrier), s’appuie sur
des vers du Cheu King (en français :
Classique des vers ou Livre des Odes), à propos de chenilles du mûrier (ming ling)
adoptées par une guêpe (kuo touo) :
[…]Dans la plaine croissent des haricots, et
tout le monde en cueille. (Ainsi tout homme peut et doit pratiquer la vertu).
La chenille
du mûrier a des petits ; la guêpe
les transporte (dans son trou et leur donne ses soins ; au bout de sept jours,
ils sont changés en petites guêpes).
Enseignez, instruisez
vos enfants ; vertueux vous-mêmes, vous les rendrez vertueux comme vous.[…]
Che king, Siao ya, V, 2, Siao yuan.
Bombyx du mûrier [Source : Larousse] |
C’est en effet une croyance des paysans chinois que le bombyx du mûrier, ou chenille du mûrier (ou ver à soie), abandonne ses petits et que ceux-ci sont recueillis et élevés par des guêpes. D’où l’emploi populaire des caractères ming ling (chenille du mûrier) dans le sens de fils adoptif, et des caractères kouo touo (guêpe) dans celui de père adoptif.
Le terme pluriel ming-ling tzu fait référence aux enfants
adoptés, en particulier ceux adoptés en dehors de la famille proche
patrilinéaire, dérivant de la croyance populaire qu’une guêpe prit les petits
de la chenille du mûrier et les métamorphosa en jeunes guêpes, faisant d’eux
ses « propres enfants ».
Selon cette croyance populaire, la guêpe donnait des coups et tapait en dehors du nid dans lequel étaient installés les petits vers, et priait « soyez comme moi, soyez comme moi ». Au bout d’une semaine, de jeunes guêpes émergeaient.
Ainsi, l'enfant adopté, qui devient l'enfant de quelqu'un d'autre que
ses parents biologiques, est connu comme un mingling
zi.
La métaphore est remarquable dans son rejet quasi-total de l'importance de l'hérédité dans la formation de l'enfant, mettant l'accent sur
la transformation totale des enfants
biologiques d'un couple de parents, transformation par analogie aux parents adoptifs grâce
aux vertus d'être élevés par eux. Presque aucune trace d’origine biologique ne
reste.
L’accent confucéen sur l’éducation et l’élevage comme clés de la personnalité fournit des bases pour des liens construits plus sur la culture et les relations sociales que sur la biologie et l’hérédité.
[Sources : sur demande à l'auteur]
VOIR AUSSI : Adoption et confucianisme (Corée,Chine,Japon) : notions légales...
Confucius : l'incontournable Maître K'ong en Corée, en Chine et au Vietnam... Morale confucéenne, quand tu nous tiens !...
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[Sources : sur demande à l'auteur]
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