mardi 27 novembre 2012

Bestiaire de l'Adoption (3) - Cheval (Episode 2.2) : Genèse de la Chevalerie Médiévale (2ème époque) : Fusion des traditions gréco-romaines et germaniques, sous influence du christianisme; de l'investiture du Caballarius à l'adoubement du Chevalier médiéval...

Si ce n'est fait, LIRE AUPARAVANT : 
>> Bestiaire de l'Adoption (3) - Cheval (Episode 1) : Symbolisme et morceaux choisis d'intérêt mythique et psycho-analytique...
>> Bestiaire de l'Adoption (3) - Cheval (Episode 2.1) : Genèse de la Chevalerie Médiévale (1ère époque) : Pouvoir des Hippeis grecs et des Equites romains, Fosterage des futurs Cavaliers germains, Rite "au poil" des Francs saliens...

Fusion des traditions gréco-romaines et germaniques

Depuis la conquête de la Grèce par l’Empire romain, l’habileté guerrière des cavaliers germains leur avait établi une certaine réputation de combattants à cheval exceptionnels. Jules César, lors des huit années que dura la guerre des Gaules entre 58 et 52 avant J.-C. avait utilisé ces cavaliers germains qui au gré des alliances et des trahisons, étaient tantôt ses ennemis, tantôt des alliés. Les premiers Germains qui combattirent aux côtés des forces romaines furent les « Bataves » lors des campagnes germaniques de « Nero Claudius Drusus », dit « Germanicus », en 12 avant J.-C.
Lors de la période flavienne de 69 à 96, les Romains incitèrent d’autres Cavaliers germains de diverses provenances ethniques et tribales, à intégrer progressivement leurs forces militaires avec les statuts d’auxiliaires ou de mercenaires. Ce phénomène intégratif où se côtoyait equites romains et cavaliers germains se poursuivit pendant plus d’un siècle, formant ainsi le creuset où allaient se mélanger les pratiques hippiques guerrières et les rituels initiatiques, qui étaient traditionnellement attachés aux peuples germains et à la nation romaine.

Influence du christianisme comme fédérateur de ces traditions

Lorsque Paul de Tarse, connu aussi sous le nom de saint Paul, ouvrit la religion chrétienne aux non-Juifs, et que le concile de Jérusalem, en 49 entérina sa séparation du judaïsme, le christianisme devint une religion universelle et catholique. Il se diffusa alors rapidement dans tout l’Empire romain malgré les persécutions affectant ses adeptes qui ne s’arrêteront qu’après la conversion de Constantin en octobre 312. Le christianisme devint alors la religion officielle de l’Empire romain. À partir de cette reconnaissance, le christianisme n’eut de cesse de s’imposer aux pouvoirs politiques des rois et empereurs d’Occident. Mais l’influence issue de son incontestable rayonnement ne restait que spirituelle et morale, et n’avait que bien peu de prise sur les actions guerrières.  Alors, pour endiguer cette situation de prédominance guerrière, dès le IVe siècle, le christianisme gallo-romain enveloppa puis imprégna, de ses principes moraux :
- d’un côté, les traditions originelles gréco-romaines de ces riches romains à cheval « equites » qui combattaient dans les armées de Rome ;
 - et de l’autre côté, le rite initiatique guerrier de ces exceptionnels guerriers et chefs germains dont la survie dépendait de leurs conquêtes.

Empreints ainsi de la sacralisation chrétienne, ces deux usages « d’hommes à cheval » se confondirent chez les « Francs Saliens » (qui sont aussi nos ancêtres directs) en une seule pratique cérémoniale d’investiture au titre de Caballarius.
Les héros de l'épopée carolingienne : Louis le Pieux, Charlemagne et Saint Guilhem. Tympan de Conques.

De l'investiture d’un Caballarius à l’adoubement du Chevalier médiéval

Cette pratique cérémoniale de reconnaissance de « combattant à cheval » s’est perpétuée pendant toute la dynastie mérovingienne puis au début de celle des Carolingiens où le premier témoignage écrit en latin, décrit comment, à Rastibonne en Bavière, en 792Charlemagne, lors de cette cérémonie, ceint son fils Louis le pieux, âgé de quatorze ans, de l’épée guerrière.
Plus tard, Charles le Chauve recevra en septembre 838, pour ses quinze ans, ses armes ceinturon et baudrier ainsi que l’insigne de sa fonction. Puis, en 841, le jour de Pâques, ce même Charles recevra de ses émissaires d’aquitaine, habits et couronne. C’est la plus ancienne cérémonie d’adoubement qui nous est donnée de connaître avec certitude.
À partir d’environ 850, le mot latin caballarius ne désignera plus un homme de guerre à cheval, mais un noble guerrier qui fait partie de la suite d’un grand personnage. Ce mot latin prend alors le sens de « Chevalier ».
Il fallut un siècle et demi d’interventionnisme religieux chrétien pour que l’Eglise romaine adjoigne progressivement à la remise solennelle des armes et équipements, une cérémonie religieuse, où le serment de servir son roi sera accompagné de celui de servir et d’obéir à Dieu et à son Eglise.
Enfin, au début du XIe siècle, prend forme la « chevalerie médiévale » qui intègre dans ses valeurs sacramentelles les notions d’honneur, de courage, de droiture, de fidélité, de générosité, d’humilité et de sacrifice de soi.
Ainsi, le chevalier devient le protecteur de la veuve, de l’orphelin, du miséreux et de la « pucelle »Il défend le bien et combat le mal dans l’obéissance à son roi, et dans le respect des dogmes chrétiens.
De par ses valeurs, la « Chevalerie médiévale » est alors une institution si prestigieuse qu’elle modifiera profondément, en bien, le sens moral d’une certaine noblesse de cette époque, qui, il  faut bien l’avouer, n’en était que peu pourvue.
La Chevalerie médiévale « où seuls comptaient le corps et le cœur et non l’esprit » fut si lumineuse à partir du XIIe siècle, que même les rois voulurent être fait chevalier.
Mais, par ce choix du corps et du cœur, délaissant l’esprit, la Chevalerie médiévale fut aussi illettrée.

[Source : Wikipedia]
Muse - Knights of Cydonia (Live- Abbey Road)


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